• • Oneshot 3 ♪ J'ai enfin compris...

    Septembre 2010, Quelque part à Tokyo.

    Nous avions réussi. Deep Blue avait été détruit, le mew aqua avait réparé tous ses dégâts... La Terre était sauvé, ainsi que tous les humains, et ça sans que personne n'y reste. J'étais si heureuse que Masaya n'ait rien, alors que j'avais du le détruire en même temps que cet être maléfique qui l'habitait... Alors que je le serrais fort dans mes bras, je vis Kisshu. Il se trouvait à une dizaine de mètres et nous observait... Il n'avait pas l'air très heureux. Il ne l'était pas. Je relâchai mon étreinte et me détachai d'Aoyama.

    - ...Je reviens, lui dis-je avec un sourire un peu forcé.

    Il me regarda avec étonnement lorsque je le contournai pour me diriger vers Kisshu. Je vis un petit sourire se dessiner sur le visage de l'alien... Alors qu'il était debout sur le sol, il se mit à léviter légèrement et s'enfonça dans la petite forêt à côté de laquelle nous nous trouvions. Il se déplaçait d'une façon très fluide qui m'intimait de le suivre... Je m'avançai à mon tour entre les arbres, le cherchant du regard. J'entendis son petit rire amusé derrière moi. Je me retournai, et il m'embrassa rapidement sur la joue sans que je puisse réagir. Il me regarda ensuite en souriant. Je lui rendis son sourire...

    - Merci Kisshu. Si tu n'avais pas été là... Je... Non, tout le monde, serait mort à l'heure qu'il est...

    Ma gorge se noua, et les larmes me montèrent aux yeux. J'eus un petit rire nerveux et essuyai vivement le peu qui avaient déjà coulé sur mes joues, avant de reprendre d'une voix tremblante.

    - Pardon, je sais même pas pourquoi je pleure...

    J'eus un nouveau rire nerveux, et il me caressa la joue, essuyant à son tour mes larmes. Il me regarda dans les yeux.

    - Je me fiche que les autres humains soient sauvés. Pour moi, tu es la seule qui compte, Ichigo...
    - ...Je suis vraiment désolée de ne pas ressentir la même chose pour toi...
    - Hm ? Désolée de ne pas m'aimer, c'est bien ce que tu veux dire ?, me demanda-t-il d'un air amusé.
    - Oui, répondis-je calmement.
    - ...Eh bien j'espère que tu comprendras vite, conclut-il avec un sourire triste. Oh, au fait...
    - Oui ?
    - Je dois bien mériter un petit quelque chose pour t'avoir offert ma vie, susurra-t-il d'un air séducteur

    Il me prit mains. Il entremêla ses doigts entre les miens, et serra doucement mes paumes, tout en avançant, me faisant reculer jusqu'à ce que je butte contre un arbre. Il colla son corps au mien, passant un bras dans mon dos, l'autre effleurant ma joue pour aller se mêler à mes cheveux. Il joignit tendrement ses lèvres aux miennes, m'entraînant dans un baiser passionné...

    Je fermai docilement les yeux et portai à mon tour une mains dans ses cheveux, plaçant la deuxième sur son épaule, me laissant entraîner par son charme inhumain. Un courant de plaisir parcourait mon corps et je ne pus retenir un gémissement lorsque sa bouche se posa dans mon cou. Il embrassa et lécha ma peau, laissant probablement de petite marque rosée lorsqu'il la suçait et la mordillait. J'en voulais plus... Je voulais qu'il me fasse ressentir un tas de sensations délicieuses, que son amour se matérialise en moi sous la forme d'un plaisir intense...

    Comme il l'avait tant voulu depuis notre rencontre, j'étais tout à lui. Il aurait pu faire de moi absolument tout ce qu'il voulait, j'étais finalement son jouet... Ses mains, qui étaient descendues sur mes hanches, remontèrent lentement le long de mon corps, me faisant frissonner. Je pensai alors qu'il les dirigeait vers ma poitrine, mais elles se détachèrent de moi juste avant d'y arriver, et continuèrent à monter. Il les plaça sous mon visages, paumes sur la mâchoires et pouces dans le bas de mes joues. Il me fit lever la tête et planta ses iris d'or dans les miens... Il semblait heureux, et très amusé. Il me contempla pendant près d'une minute sans rien dire...

    - Qu'est-ce qu'il y a ?, finis-je pas lui demander.
    - Tu es si belle, mon chaton..., répondit-il dans un murmure. Je dois y aller... Je reviendrai te voir, un jour. Et j'espère que ce jour-là, tu auras compris...
    - Aller où ? Et qu'est-ce que je dois comprendre ?, m'enquis-je, légèrement troublée.
    - Il faut que je retourne auprès de mon peuple. Je dois les sauver... Le mew aqua nous aidera, mais ça sera quand même difficile. Et si leur prince est absent, ils risquent d'être perdus...
    - Parce que tu es un prince ?, demandai-je en riant.
    - Ca t'étonne à ce point ?, répondit-il avec un grand sourire.
    - ...Non. C'est vrai que tu m'y as plusieurs fois fait penser... Mais de là à croire que c'était vrai... Hey mais, une minute ! Ca ne me dit pas ce que je dois comprendre ?
    - Tu le sauras quand tu comprendras, se contenta-t-il de me dire avec un clin d'oeil. A une prochaine fois, mon petit chaton...

    Il déposa un baiser sur mon front et disparut après m'avoir une dernière fois caressé la joue. Il était parti... Pour très longtemps... Peut-être même pour toujours...

    Mes jambes se mirent à trembler, ne me soutenant plus. Je tombais à genoux sur le sol tapissé se feuilles mortes aux couleurs d'automne. Je me sentais si mal... Je ressentais exactement la même chose que plus tôt, dans la forteresse. Lorsqu'il avait fermé les yeux et était tombé dans un sommeil si profond que rien au monde n'aurait pu l'en sortir... Je me sentais si vide. Si triste... Un sanglot monta dans ma poitrine et je ne pus empêcher de nouvelles larmes de couler. Je sentais encore sa main effleurant doucement ma joue comme si j'avais été de porcelaine... Comme si je lui étais précieuse... Je restai là pendant des heures, à pleurer pour une raison que j'ignorais... Ou plutôt, que je voulais ignorer.

    Février 2011, Parc de Tokyo.

    Aujourd'hui, je sais parfaitement pourquoi j'ai tant pleuré. Après l'affrontement, Aoyama et moi sommes restés ensemble quelques semaines, puis nous nous sommes séparés. Je l'aimais bien, mais plus autant qu'avant... En fait, je doute même de l'avoir Aimé un jour. C'était plutôt un amour comme on peut en éprouver pour une star; ça fait battre le coeur et ça rend joyeux, mais au fond, ça n'est pas vraiment de l'Amour.

    Le mois qui a suivi la rupture, Shirogane a été excessivement gentil avec moi. Parce que, oui, nous nous voyons toujours, avec les filles. On ne travaille plus au café -il a fermé, et rouvrira s'il y a à nouveau une menace-, mais tout ce qu'on a vécu ensemble, tout ce danger dans lequel nous nous sommes mutuellement confié nos vies... Ca a créé des liens très forts entre nous, je nous vois mal nous séparer définitivement les uns des autres. Pour en revenir à ce cher Ryo, ... Eh bien je n'ai pas été dupe très longtemps. Tous ses sourires auxquels j'avais droit, les balades qu'on faisait rien qu'à deux, ça m'a ouvert les yeux sur les sentiments qu'il éprouvait pour moi. Il m'a dit qu'il m'avait aimée dès l'instant où nos regards s'étaient croisés... J'ai accepté de sortir avec lui. Je l'aimais bien, il était très mignon et adorable, et puis il m'aimait. Nous sommes restés ensemble pendant un peu plus de deux mois, mais j'ai préféré rompre...

    Je me sentais très bien avec lui, j'adorais ses baisers et tous les moments que nous passions ensemble, et il n'a rien fait de mal pour que je le quitte. Il le sait, d'ailleurs. C'est juste que... je ne l'Aimais pas. Je me sentais à la fois heureuse, mais aussi très triste et nostalgique, lorsque je me trouvais avec lui. Mais ça n'avait aucun rapport avec Shirogane. Je me sens toujours triste et nostalgique, quoi que je fasse... Aujourd'hui, je sais pourquoi. J'ai compris.

    - Je t'aime, Kisshu...

    Seulement, Kisshu n'était toujours pas revenu. Ca faisait peu de temps qu'il était parti... Mais pour moi, ça durait depuis une éternité. Il me manquait tellement...

    - Je le sais, fit une voix derrière moi.

    Je me figeai. Je n'arrivais plus à bouger... Cette voix... Je me trouvais là, dans le parc rempli de personnes diverses. Le brouhaha qui régnait disparut soudain. Je ne l'entendais plus. Le seule que j'entendais, c'était lui.

    - Je le sais depuis longtemps... mon petit chaton.

    Il me prit dans ses bras, se trouvant toujours derrière moi. Il m'embrassa la joue.

    - Tu m'as tellement manqué..., réussis-je à articuler d'une toute petite voix.
    - Toi aussi, mon chaton... Toi aussi...

    Il enfouit son visage dans mon cou et prit une grande inspiration par le nez, remplissant ses poumons.

    - Tu sens si bon... Encore plus que dans mes souvenirs, finit-il par dire.

    Je devinai à sa voix qu'il devait avoir un grand sourire et me tournai vers lui. La première chose que je remarquai, c'était que ses vêtements étaient différents. Beaucoup plus... princiers. Je constatai ensuite que ses longues oreilles n'étaient pas le moins du monde cachées, sauf un peu par ses cheveux qui étaient détachés. Nous étions en public, mais je m'en fichais pas mal, qu'il ait de grandes oreilles. Je l'aimais, c'était tout ce qui m'importais... Je plongeai ensuite mon regard dans ses yeux, d'un or liquide si magnifique que j'aurais pu vouloir m'y perdre pour l'éternité... Il resserra l'étreinte qu'il avait sur ma taille, me faisant rougir, ce qui accentua son magnifique sourire et laissa passe une petite canine par dessus sa lèvre inférieure. Je lui souris en retour, j'étais si heureuse...

    Il écarta doucement mes cheveux de mon visage et se pencha pour m'embrasser. J'oubliai de respirer pendant plusieurs seconde, le plaisir de sentir ses douces lèvres contre les miennes me faisant perdre la tête... Je ne sentais plus mon corps et s'il ne m'avait pas tenue dans ses bras, je serais probablement tombée à la renverse. Il se détacha de moi, apparemment très amusé par l'effet qu'il me faisait. J'avais la tête qui tournait, j'étais probablement la personne la plus heureuse du monde... Ou plutôt, de l'univers.

    J'entendis à nouveau les passants. Beaucoup criaient, avaient peur. D'autres étaient choqués par ce que nous faisions. Quelques uns appelaient la police, disant qu'un alien était revenu. Oui... Il était revenu. Je me répétais ses mots plusieurs fois, ils me faisaient jubiler. Je me jetai dans ses bras, l'enlaçant aussi fort que je le pouvais. Il rit et me caressa les cheveux... Je me sentais si bien.

    - Est-ce que tu as envie de voir ma planète ?, me demanda-t-il soudain.

    Je desserrai légèrement mon étreinte pour le regarder, surprise. Il me faisait un très grand sourire qui me fit répondre avant même d'avoir compris la question...

    - Oui...

    Il m'embrassa fugacement sur les lèvres, puis nous disparûmes, faisant pousser des cris d'effroi à davantage de passants affolés...


    votre commentaire
  • • Oneshot 4 ♪ Cendrillon ~

    Il était une fois, à Tokyo, une jolie jeune fille. Elle s'appelait Ichigo, et depuis la mort de ses parents, elle était très malheureuse... Elle avait été recueillie par la famille Aizawa, qui avait deux filles. L'une s'appelait Minto, et l'autre Kanna. Elles avaient à peu près le même âge, et même si elles se détestaient, elles adoraient s'allier pour ennuyer Ichigo.

    - Les filles !, avait dit madame Aizawa.
    - Oui, quoi ?, avaient répondu les trois jeunes filles.
    - Je m'absente pour la matinée. A mon retour, je veux qu'Ichigo ait lavé toute la maison, fait la cuisine pour ce midi ainsi que la lessive et le repassage. Minto et Kanna, je veux que vous vous entraîniez à la valse et que vous suiviez vos cours de chant.

    Les trois filles acquiescèrent et la femme sortit. A peine eut-elle fermé la porte qu'elles partirent chacune de leur côté pour effectuer les tâches qui leur étaient demandées. Ichigo avait sorti les tapis et les avait secoués, les avait roulés et laissés dans l'entrée. Elle avait balayé l'immense maison, n'oubliant pas de bouger tous les meubles lourds et couteux comme elle le pouvait, puis avait remplir son sceau d'eau et été allée chercher la serpillière. Alors qu'elle venait de finir de laver le sol du grand hall d'entrée, qui était la dernière pièce qu'elle devait faire, Minto vint la voir, ses chaussures pleines de boue.

    - Oups... Je pense que tu as oublié une tâche, là !, dit-elle en désignant ses propres traces de pas.
    - Minto, je venais de tout finir !

    Kanna s'approcha à son tour et donna un grand coup de pied dans le sceau d'eau sale.

    - Ah oui ? Eh bien tu travailles très mal dans ce cas, parce que moi, je trouve ça encore très sale !

    Les deux soeurs se mirent à rire puis repartirent ensemble à l'étage, pour leur leçon de piano. Ichigo avait envie de pleurer... Elle avait encore une fois mal au dos à cause du balais, de la serpillière et du poids des meubles qu'elle avait du déplacer, et elle se sentait vidée de toute énergie. Ca, c'était probablement du au fait qu'elle n'ait pas le droit de prendre un petit déjeuner, et qu'elle avait été privée de dîner la veille parce qu'une marche de l'escalier grinçait... Elle ravala ses larmes comme elle put et alla chercher de l'eau propre, recommençant à zéro l'immense salle... Quand elle eut fini, elle était en sueur et avait déjà mal partout alors qu'il n'était que 9h. Elle remit les tapis à leur place et se dépêcha d'aller mettre les machines à lessiver en route après avoir trié le linge en fonction des couleurs, puis s'attela au repassage, faisant aussi vite et bien qu'elle le pouvait. Ca lui prit un peu plus d'une heure et demie, et il était déjà presque 11h quand elle commença à préparer le dîner. Heureusement, ses deux "soeurs" ne vinrent plus l'ennuyer... Elle termina de dresser la table juste à temps, madame Aizawa étant rentrée.

    - Tu as oublié les serviettes..., fit-elle remarquer d'un air désagréable.
    - ...Pardon, répondit Ichigo en s'inclinant avant d'aller en chercher.
    - Mes chéries, vous avez bien suivi vos cours ?
    - Oui, mère, répondirent les deux soeurs.
    - Bien, je suis fière de vous.

    Elles passèrent à table, critiquant la cuisine d'Ichigo. Ca n'était pas parfait, même si elle faisait de son mieux, certes... Mais les commentaires l'attristèrent. Elle tenta de le cacher et encaissa avec le sourire, mangeant calmement sans dire un mot, comme si elle n'était pas là.

    - Oh, au fait ! Le fils d'un regretté ami organise un bal demain soir. Il possède une très grande fortune héritée de son père, et j'ai entendu dire que son coeur était à prendre... Je veux que vous alliez à ce bal.
    - Hm... Il est beau ?, demanda Minto.
    - Est-ce qu'il est gentil ??, s'enquit Kanna.
    - Qu'est-ce que ça peut bien faire ? Il est riche, c'est amplement suffisant.
    - C'est vrai..., acquiescèrent les jeunes filles en ricanant.
    - Euh, madame... Je pourrais y aller aussi ?, demanda timidement Ichigo.

    Les trois bourgeoises la dévisagèrent de façon hautaine.

    - Toi ?, demanda madama Aizawa. Tu veux rire, j'espère ?! Tu me ferais trop honte.
    - De toutes façons, c'est pas comme si un riche pouvait s'intéresser à quelqu'un comme toi, lança Kanna.
    - Tout à fait !, renchérit Minto.
    - Je ne veux pas qu'il s'intéresse à moi ! Je... Je voudrais juste m'amuser un peu...
    - Je ne te loge et ne te nourris pas pour que tu ailles t'amuser à des bals où tu n'as pas ta place, jeune fille, répondit sévèrement madame Aizawa. Pense plutôt à accompagner mes chères anges pour qu'elles s'achètent des robes et des parures. Elles auront besoin d'une porteuse...
    - ...Bien, madame..., se résigna Ichigo.

    L'après-midi, Ichigo et ses deux "soeurs" allèrent dans un magasin de haute couture pour choisir des robes. Elles hésitaient entre plusieurs, mais ne pouvaient pas se décider... Lorsqu'elles flashèrent soudain sur la même robe. Elle se mirent à s'insulter et à se gifler, disant chacune qu'elles l'avaient vue avant. Une vendeuse, plutôt jeune donc sûrement une stagiaire, intervint.

    - Mesdemoiselles... Ne vous disputez pas s'il vous plait, il doit nous en rester une en stock, vous pourrez avoir la même.
    - ...La même ?, répondirent-elles en coeur. Et puis quoi encore ? Je veux pas avoir la même robe que cette petite pimbêche ! Donne-la-moi, c'est la mienne t'as qu'à t'en trouver une autre !!

    Elle se mirent à tirer chacune sur une manche de la robe, et au final, la déchirèrent...

    - ...Elle est fichue, tu peux l'avoir, dit Minto en la balançant à la figure de sa soeur. Moi, je vais prendre celle-ci, fit-elle en désignant une autre robe un peu plus loin.
    - T'es folle ?! J'en veux plus non plus ! Si c'est comme ça, je prendrai celle-là, déclara-t-elle à son tour, montrant une autre robe.
    - Mesdemoiselles, je vous demanderai de rembourser celle que vous avez abimée...
    - Evidemment, répondit Minto. Ichigo, t'es devenue sourde ? Va payer. Nous on va à côté, au magasin de chaussures.
    - Et dépêche-toi, on n'a pas le temps de trainer !, ajouta Kanna en suivant sa soeur hors du magasin.
    - Oui, oui..., fit Ichigo en soupirant. Désolée pour cette scène, elles sont... fatigantes, parfois.
    - C'est rien voyons !, répondit la stagiaire. Je m'appelle Retasu, et toi... Ichigo, c'est ça ?
    - Oui, répondit-elle.

    Les deux jeunes filles se dirigèrent vers la caisse, et Retasu encoda les références des trois robes, puis annonça le prix.

    - Tu ne t'achètes pas de robe, au fait ?, demanda-t-elle à Ichigo.
    - J'ai pas le droit, c'est pas mon argent...
    - Ah... Si tu veux, tu peux avoir celle qui est abimée. On n'a pas le droit de la vendre si elle a été déchirée, et je pourrais facilement recoudre la manche...
    - Non, non, je ne voudrais pas abuser !, dit Ichigo en composant le code de la carte de crédit.
    - Ce n'est rien voyons, répondit Retasu en riant. De toutes manières, si tu n'en veux pas, elle finira à la poubelle ou découpée en vieux chiffons... Et puis, tu dois de toutes manières la payer, alors...
    - Bon... D'accord, dans ce cas...
    - Tu prends les robes maintenant ou tu veux qu'on vienne les livrer ?
    - Il faudrait les livrer demain vers 10h, s'il te plait.
    - Très bien. A demain alors, dit-elle avec un grand sourire.

    Ichigo suivit les deux soeurs dans plusieurs magasins de chaussures, de bijoux, les accompagna à la manucure, puis elles rentrèrent. Ichigo fut bien soulagée de pouvoir poser tous les paquets, qui n'étaient pas vraiment légers puisqu'elles s'étaient acheté trois paires de chaussures différentes chacune. Elle dut préparer le dîner rapidement, puis après avoir mangé, alla se coucher.

    Le lendemain, elle se leva comme d'habitude à 6h. Elle prépara trois copieux petits déjeuner, se risquant à en prendre un morceaux, son ventre criant famine... Elle les apporta ensuite dans les chambres de Minto, de Kanna, puis dans cette de madame Aizawa. Elle alla se laver et s'habiller rapidement pendant qu'elles mangeaient, puis les accueillit en bas lorsqu'elles descendirent.

    - Minto, Kanna, je veux que vous vous rendiez chez le coiffeur et dans tous les salons de beauté qu'il faudra pour que vous soyez les plus belles ce soir. Il faut que ce jeune homme tombe amoureux de l'une d'entre vous. Ichigo, tu ne les accompagnes pas cette fois, la cheminée a besoin d'être nettoyée... Sois sûre d'ouvrir au livreur quand les robes arriveront !
    - Oui, madame, répondit-elle en s'inclinant.

    Les trois bourgeoises sortirent en même temps, et Ichigo alla se changer en trainant les pieds. Ramoner la cheminée... Et puis quoi encore ? La famille Aizawa était riche, non ? Pourquoi ne pas se payer 50 bonnes et un ramoneur, plutôt que de lui demander de tout faire ? Elle grommela puis s'attela à la tache. Elle prit soin de rouler à nouveau les tapis et de les mettre à l'abri de la suie, ainsi que de couvrir tous les meubles du grand salon, et le sol jusqu'à la porte d'entrée pour aller ouvrir au livreur. Celui-ci, ou plutôt celle-ci, sonna une demie heure plus tard environ, et fut bien surprise de voir une Ichigo couverte de suie de la tête aux pieds.

    - ...Retasu ? Bonjour, dit-elle en souriant.
    - Euh... Bonjour, Ichigo... Tu... Pourquoi tu es toute sale ?
    - Je dois ramoner la cheminée...
    - Ah ? Les gens qui habitent ici ont une aussi immense maison mais doivent demander à leur fille de ramoner la cheminée ?, demanda-t-elle, encore plus étonnée
    - Je suis pas vraiment leur fille, c'est... Compliqué. Ce sont les robes ?, demanda-t-elle, pour changer de sujet, en voyant les trois boites qui se trouvaient par terre, à côté de Retasu.
    - Oui. J'ai réussi à amener la tienne en même temps sans que le patron ne me voie ! J'espère que personne ne te dira rien ?
    - Je suis seule à la maison, aucun risque. Merci...
    - Je t'en prie. Tu as un tampon pour signer le reçu ?
    - Ah, oui, répondit-elle en fouillant dans un tiroir d'un meuble en chêne qui se trouvait dans l'entrée. Voilà !
    - Merci. A bientôt j'espère, dit Retasu en s'en allant
    - Oui, au revoir..., répondit Ichigo en fermant la porte.

    Elle termina rapidement de nettoyer la cheminée, puis alla se laver. Elle jeta les vieux vêtements qu'elle avait mis, qui étaient désormais fichus, puis fit de même avec les tissus qu'elle avait utilisés pour couvrir tout la pièce. Elle monta les paquets dans les chambres de Minto et de Kanna, déposant les leurs sur leurs bureaux respectifs, puis rejoignit sa propre chambre, son paquet à la main. Elle l'ouvrit et remarqua que la déchirure à la manche avait été parfaitement recousue; on n'aurait pas pu dire qu'elle avait été complètement fichue la veille. La robe était blanche, et s'arrêtait un peu au-dessus du genou. Elle formait un bustiers, avec de fines bretelles transparentes, et des "manches" en tissus rose peu opaque qui tombaient des épaules. Le bas de la robe était également couverte du même tissus rose, avec une "ouverture" sur l'avant. Elle remarqua deux boites au fond du paquet, ce qui expliquait qu'il soit plus gros que ceux des soeurs... Elle les sortit et les ouvrit; l'une était une boite à chaussures, dans laquelle se trouvaient de jolies chaussures avec de petits talons, blanches à fioritures roses claires. Dans l'autre, se trouvaient des gants, également blancs et ornés de rose, ainsi que des rubans pour les cheveux roses à dentelles blanche. Il y avait également un mot dans une fond du paquet.

    « J'espère que ça te plaira... »

    C'était probablement Retasu qui lui avait fait ces cadeaux. Et ça lui faisait évidemment très plaisir... Elle n'aurait malheureusement pas beaucoup d'occasions pour les porter. Elle essayait de se souvenir de la dernière fois où elle avait pu sortir simplement pour s'amuser avec des amis, quand le téléphone sonna. Elle déposa délicatement la robe sur son lit et descendit pour répondre.

    - Allô ?
    - ...Euh, Madame Aizawa est là ?, demanda une voix masculine.
    - Non, désolée, elle est sortie. Je peux prendre un message si vous voulez ?
    - Ca serait gentil, merci. C'est au sujet du bal que je donne ce soir, je devais lui communiquer l'adresse... Tu as de quoi noter ?
    - Oui, répondit-elle en saisissant un stylo.

    Il lui dicta l'adresse et elle la nota sur le calepin qui se trouvait constamment à cet endroit. Elle avait l'habitude de prendre des messages pour madame Aizawa.

    - Au fait, à qui ai-je l'honneur ?
    - Euh... Je m'appelle Ichigo...
    - Oh, la jeune fille que Madame Aizawa a recueillie récemment ? Elle m'a beaucoup parlé de toi, d'après elle tu es une imbécile incapable...
    - Ah... Eh bien, si elle le dit...
    - T'en fais pas, dit-il en riant. Elle dit ça de toutes les personnes qu'elle envie. Je suppose que tu dois avoir quelque chose de spécial, qu'elle ne peut pas acquérir même avec tout son argent.
    - ...C'est gentil...
    - J'espère que tu viendras à ma petite fête, ce soir ?
    - J'aimerais bien, mais madame Aizawa me l'a interdit...
    - Hmm... Eh bien je te ferai chercher moi-même dans ce cas. Ainsi elle ne pourra pas t'empêcher de venir. D'accord ?
    - Evidemment, répondit-elle avec un grand sourire. Merci beaucoup !
    - Je t'en prie. A ce soir, Ichigo.
    - ...A ce soir...

    Elle reposa le téléphone sur sa base, et explosa de joie. Elle allait pouvoir assister au bal ! Elle pourrait sortir s'amuser, pour une fois depuis bien longtemps ! Et en plus, elle pourrait porter sa jolie robe ainsi que les cadeaux de Retasu... Mais elle ne savait pas du tout à quelle heure on viendrait la chercher. Elle vit qu'il était déjà 11h passée et se dépêcha d'aller préparer le repas. Ses trois pires cauchemars revinrent et, comme toujours, critiquèrent sa cuisine, qui n'était pourtant pas si affreuse.

    - Au fait, madame... Votre ami a appelé dans la matinée pour donner l'adresse où aura lieu le bal. Je l'ai notée sur le calepin.
    - Bien, parfait.
    - Il... Il a aussi demandé si vous saviez à quelle heure vous étiez attendue ? Il n'est plus certain de vous l'avoir dit..., inventa-t-elle.
    - Evidemment, que je le sais. Le bal commence aux alentours de 19h. Comme tous les bals chics et bien organisés.
    - Oh, et, les robes sont arrivées. Je les ai montées dans vos chambres, ajouta Ichigo en regardant les deux soeurs qui s'excitaient en l'entendant.
    - ...Dis donc, je te trouve bien calme, Ichigo..., remarqua soudain Minto.
    - C'est vrai, d'habitude tu as toujours l'air d'un petit chien apeuré, ajouta sa soeur.
    - J'ai passé une assez bonne matinée, ça doit être pour ça..., dit Ichigo avec un petit sourire.

    Les deux soeurs se regardèrent un instant puis haussèrent les épaules. Elles s'en fichaient, de toutes façons, de ce qui avait pu la rendre aussi joyeuse. Après le repas, Ichigo était libre de faire ce qu'elle voulait, il n'y avait plus aucune tâche à faire pour le moment, et elle en était bien heureuse. Elle en profita pour faire une petite sieste, n'oubliant pas de mettre sonner son réveil à 16h pour avoir le temps de se préparer.

    Elle se réveilla difficilement. Être allongée dans son lit et pouvoir se détendre, c'était plutôt rare pour elle... Elle repensa à cette histoire de bal, et trouva immédiatement la motivation pour se lever. Elle repassa sous la douche, plus longuement cette fois, se permettant d'emprunter un soin pour que ses cheveux soient encore plus doux et brillants, et profitant tout simplement de l'eau chaude qui s'écoulait sur sa peau nue. Elle se sécha les cheveux avec un sèche-cheveux, se brossa les dents trois fois d'affilée, et se maquilla légèrement les yeux (mascara et crayon noirs). Elle mit aussi un peu de rouge à lèvre de la même couleur que ses lèvres -ou presque-, juste pour les faire briller.

    Ca n'était pas grand-chose, mais elle se trouvait beaucoup plus jolie comme ça... Elle enfila ensuite sa robe, puis se coiffa, faisant de jolies couettes avec les rubans que lui avait offerts Retasu. Elle se coiffait toujours de cette façon, avant. Quand elle avait le droit de se coiffer, de sortir, de s'amuser... de vivre. Quand ses parents étaient encore là... Elle avait laissé sa frange en dehors des couettes, ainsi que des mèches -trop courtes pour être attachées- qui encadraient son joli visage.

    Elle enfila les chaussures et s'entraina pendant près d'une demi heure à marcher correctement avec. Elle avait failli tomber plusieurs fois, mais arrivait déjà à marcher convenablement. Elle enfila ses gants et s'amusa à imaginer le bal. Tout plein de gens qui dansent, qui tournoient dans tous les sens en parfaite symbiose, suivant l'air de la musique jouée par l'orchestre professionnel... Des tas de gens distingués, et aussi celui à qui elle avait parlé au téléphone. Elle ne connaissait même pas son prénom... Mais elle avait très envie de le rencontrer. Elle l'avait trouvé terriblement gentil, et ça l'avait beaucoup étonnée; les seules personnes bourgeoises qu'elle connaissait étaient loin d'être sympathique. Il était un peu moins de 19h quand elle entendit sonner. Elle sortit de sa chambre et vit les 3 mégères s'avancer vers la porte.

    - Ca doit être le chauffeur que j'ai engagé, dit madame Aizawa.

    En effet, un chauffeur de limousine les attendait de l'autre côté de la porte. Elle partirent rapidement, laissant Ichigo seule, n'ayant pas remarqué ses vêtements. La porte sonna à nouveau quelque minutes plus tard...

    Arrivées là-bas, elle virent un magnifique jeune homme. Leur mère se dirigea vers lui et elles la suivirent.

    - Bien le bonsoir, très cher, fit madame Aizawa.
    - Oui, bonsoir, répondit-il sans la regarder.
    - ...Il y a un problème ?, demanda-t-elle, un peu vexée.
    - Non, non, pas du tout, dit-il en la regardant finalement.
    - Je te présente mes filles. Minto, et Kanna, annonça-t-elle en les montrant successivement.

    Les deux jeunes filles firent une révérence élégante, mais il les regarda à peine.

    - Excusez-moi, j'attends quelqu'un en particulier.
    - Ah oui ? Qui ça ?, demanda madame Aizawa, un peu énervée.
    - Elle, dit-il en souriant alors que sa voiture approchait.

    Le chauffeur se gara et elle sortit. Elle semblait un peu perdue de voir autant de monde, et pas du tout à l'aise... Pourtant, presque tous les regards furent tournés vers elle. Elle était ravissante... Ryo se dirigea en trottinant vers elle, pour l'accueillir. Il se présenta, lui fit une révérence et lui baisa la main. Elle rougit... Elle ne savait pas du tout comment réagir. En plus, le jeune homme qui se trouvait devant elle était tout simplement magnifique. Blond, les yeux d'un bleu électrique envoûtant, un magnifique costume et un sourire si charmant que le coeur d'Ichigo en oublia de battre pendant plusieurs secondes avant de s'affoler. Elle se sentit rougir...

    - Au... Au fait, dit-elle timidement.
    - Hm ?, fit-il.
    - Co...Comment vous appelez-vous ?
    - Ryo Shirogane. Et toi, Ichigo... ?
    - Momomiya. Ichigo Momomiya, monsieur, dit-elle en s'inclinant
    - Allons, pas de "monsieur", dit-il en riant. Tu peux m'appeler Ryo... Et tutoie-moi, s'il te plait.

    Ils discutèrent un peu tout en se dirigeant à l'intérieur de la salle. Elle ne l'appelait plus "monsieur" et avait arrêté de le vouvoyer, mais jamais elle n'oserait l'appeler par son prénom... Elle l'appelait "Shirogane", et il n'insista pas. La salle était magnifique, avec un plafond en miroirs dorés, des murs marron foncé aux ornements plus clairs, décorés pour l'occasion de "banderoles" de tissu sur lesquelles étaient attachés des fleurs magnifiques...

    L'orchestre jouait dans un coin un peu reculé de la salle, probablement pour éviter que des danseurs ne s'approchent trop et ne les dérange, et tout autour de la grande piste, il y avait des tables rondes, pour environ quatre personnes, un peu plus si on se serrait, avec de jolies nappes blanches plutôt longues et décorées chacune d'un vase avec un bouquet des mêmes fleurs que sur les murs. Les chaises semblaient confortable, il y avait un buffet dans le fond de la salle, probablement assez rempli pour nourrir tout le Kanto, et des serveurs passaient dans la salle avec des plateaux remplis de verres de champagne, de jus d'orange, ou encore de toasts au caviar ainsi que d'autre mets raffinés. Ichigo était émerveillée... Mais aussi très mal à l'aise. Ryo le remarqua, et l'emmena s'asseoir avec lui à une table.

    - Détends-toi, personne ne va te manger. C'est pour ça que j'ai prévu un buffet, plaisanta-t-il.
    - Désolée, c'est la première fois que je suis entourée d'autant de gens importants, répondit-elle en riant nerveusement.
    - Importants ? Par vraiment... Ils ont juste beaucoup d'argent, ça ne fait pas d'eux des personnes à part.
    - Ben...
    - Tu me trouves différent des personnes que tu connais ?, demanda-t-il.
    - Eh bien, vous... Je veux dire, ...Tu es beaucoup plus gentil que les Aizawa...
    - C'est une évidence. Ces petites pestes sont aussi pourries que leur vieille mère...
    - Elles pourraient t'entendre !
    - C'est le cadet de mes soucis, ça. Je me fiche de faire bonne figure, de me conduire correctement ou non en public, et de toutes les politesse inutiles que ces richards emploient tous les jours. Je ne pense pas être spécial simplement pour mon compte bancaire... Tout comme tu n'es pas moins bien qu'une autre, même si tu n'es pas riche.
    - Si tu n'aimes pas les riches, pourquoi avoir invité tous ces gens ?, demanda Ichigo, intriguée.
    - Tous ces gens, comme tu dis, sont des amis de mon défunt père. Je veux simplement voir lesquels ne s'intéressent à moi que pour mon argent. Aizawa en fait partie; j'ai eu l'impression qu'elle voulait que j'épouse une de ses filles, dit-il en riant.
    - Oui, en effet, ça lui plairait bien, répondit-elle avec un grand sourire.

    La musique se termina, puis une autre débuta.

    - ...Tu sais danser ?
    - Pas vraiment..., répondit Ichigo, un peu gênée.
    - Alors je vais t'apprendre, dit-il en lui prenant la main et en se levant.

    Il lui tint une main, légèrement élevée, le coude en angle droit, et passa son bras libre dans le dos d'Ichigo après avoir mis la deuxième main de la jeune fille sur son épaule. Ils se mirent à tournoyer sur la piste, s'amusant à bousculer "sans faire exprès" les autres couples de danseurs. Ils dansèrent sur 3 musiques différentes, puis Ichigo retourna s'asseoir, un peu fatiguée. Il la rejoint peu après avec deux petites assiettes, sur chacune se trouvait une pare de gâteau.

    - A la fraise. Tu en veux ?, demanda-t-il.
    - Oui, j'adore les gâteaux à la fraise !, répondit-elle avec un immense sourire.

    Il lui sourit en retour et déposa l'une des assiettes devant elle, gardant l'autre pour lui. Ils mangèrent en se regardant, riant sans savoir pourquoi. Ichigo finit par se mettre un peu de crème sur la joue, à force d'agiter sa cuillère tout en riant. Ryo changea de chaise, s'asseyant juste à côté d'elle, et, tenant son visage entre ses mains, embrassa sa joue pour en enlever la crème. Il tenait toujours son visage, et leurs regards se croisèrent... Il se pencha lentement vers son visage, la regardant dans les yeux... Elle était toute rouge, et ferma docilement les paupières. Il fit de même lorsque leurs lèvres se frôlèrent. Ils hésitèrent un peu, et finalement, les joignirent. Leur baiser fut très court, mais tout simplement magique... Il se sentaient bien, ils étaient tous les deux extrêmement heureux. L'horloge sonna minuit...

    Ichigo se réveilla, grâce à son très cher réveil-matin. Sa mère l'appelait, pour savoir si elle était bien réveillée... Elle répondit que oui, et repensa à son rêve.

    - Ryo...

    Elle se tourna dans son lit et se rendormit. Un magnifique sourire aux lèvres...


    11 commentaires
  • Puisque je n'ai eu qu'un seul vote concernant le couple, ce sera sur Kisshu et Ichigo =)

    Cet OS est en cours.

    - Comment ça, une trêve ?, demanda Ryo.

    Kisshu était venu nous voir au café, avant qu'il n'ouvre. Le 23 décembre.

    - Eh bien, un arrêt des hostilité... Une paix momentanée. Pour Noël. C'est une pratique assez courante chez les humains, non ?
    - Je sais ce qu'est une trêve, merci, mais pourquoi vous voudriez respecter nos "pratiques courantes" ?
    - Parce que nous aussi, on peut avoir envie de faire autre chose que se battre, de temps en temps. Notre peuple n'est plus à trois jours près, alors nous vous proposons de ne pas nous battre à partir de cet instant, jusqu'au 26. Nous organiserons une petite fête, en essayant de la faire ressembler à vos fêtes de Noël... Nous serions ravis que vous acceptiez d'y venir~
    - Et qu'est-ce qui nous dit que ce n'est pas un piège ?, demanda Zakuro, froide, comme toujours.

    Kisshu me regarda avec un petit sourire.

    - C'était mon idée, à la base... Et je ne comptais inviter qu'Ichigo. Que vous me croyez ou pas, je m'en contre-fiche. Tout ce que je veux, c'est pouvoir passer un peu de temps avec mon chaton, sans qu'on doive se battre. Mais Pai n'aurait pas accepté, alors j'ai du lui raconter que ça serait une bonne occasion d'étudier votre culture, et son esprit de scientifique curieux n'a pas pu refuser.

    Il me fit ensuite un clin d'oeil... Je rougis, principalement parce que tout l'attention s'était portée sur moi, ce qui lui tira un sourire amusé.

    - Sur ce, vous croyez et faites ce qui vous plait, mais de notre côté nous levons les hostilités jusqu'au 26. Je passerai demain vous communiquer l'emplacement et l'heure de notre petite fête, à vous de choisir ensuite, fit-il en haussant les épaules avant de disparaitre.
    - ...Eh bien moi, je n'y crois pas, fit Zakuro avant de se remettre au boulot pour préparer la salle.

    Ryo retourna à la cave avec une grimace désaprobatrice qui laissait facilement entrevoir ce qu'il pensait de tout ça. Pudding se faisait déjà une joie de faire la fête avec Taruto, et Retasu l'accompagnerait probablement puisqu'elle nourrissait depuis le début l'espoir d'une entente entre nos peuples. Minto... eh bien, Minto est Minto, alors je n'avais évidemment aucune idée de ce qu'elle ferait. Et c'était pareil pour moi. D'un côté, j'avais bien envie d'aller voir à quoi ressemblerait cette fête, et pouvoir discuter tranquillement avec les aliens pourrait s'avérer chouette, qui sait ? Puis, ça serait toujours mieux que de dîner en famille, chose que je trouvais généralement chiante.

    - Et toi, Ichigo-onee-chan, tu penses que tu vas y aller ?, me demanda Pudding avec des yeux pétillants.
    - ...Probablement. Je passerai, juste pour voir...
    - J'irai également, déclara Minto. Ca ne me tente absolument pas et je n'ai que faire de ces enfantillages, mais une demoiselle digne de ce nom ne refuse pas une invitation à une fête...
    - Euh... si, répondit Retasu. Désolée de te contredire mais, je pense que si tu y vas, c'est plutôt parce que tu en as envie...

    Minto rougit jusqu'aux oreilles. Elle lança un regard furieux à Retasu avant de détourner fièrement la tête et de reprendre une gorgée de thé...

    La journée passa vite. Comme d'habitude, je courai dans tous les sens, pour servir l'un, desservir l'autre, réparer les maladresses de Retasu et de Pudding, compenser le fait que Minto se tournait les pouces... Bref, journée chargée, mais rapide. Je fis ensuite la fermeture, comme d'hab, puis rentrai chez moi. Il était déjà plutôt tard, et il faisait évidemment déjà noir puisque c'était l'hiver... Noir, et très froid. Je fermai mon manteau un peu plus, ajustai mon écharpe, et commençai à marcher. Il avait neigé, l'eau gelée passait dans mes chaussures... Super. Je n'appréciais l'hiver pour tout ça; le noir, le froid, l'impression d'une solitude extrême, la douleur d'avoir les pieds à la fois trempés et gelés, le verglas souvent dangereux... Heureusement que c'était la saison de la neige et de Noël, parce qu'au moins, grâce à cela, je ne détestais pas totalement l'hiver. Cela ne m'aida cependant pas à arriver plus vite chez moi. Mes pieds me paraissaient lourds, probablement à cause de l'engourdissement et du fait que mes chaussettes, trempées, pesaient réellement. Le vent qui me piquait le visage n'arrangeait rien, m'empêchant presque d'avancer... Je fermai les yeux un instant à cause d'une grosse bourrasque, puis plus rien. Il n'y avait plus la moindre petite brise... Je rouvris les yeux.

    - ...Kisshu ?
    - Bonsoir, chaton. Tu veux que je te raccompagne ? Tu as l'air fatiguée, il fait noir... et puis, il ne faudrait pas que tu tombes malade. Tu es à peine en vacances, non ? Ca serait dommage...

    Il me sourit gentiment, une de ses canines dépassant légèrement sur sa lèvre inférieure. J'aimais bien ce sourire, je le trouvai... agréable. J'acceptais son offre d'un hochement de tête, et il prit un air beaucoup plus sérieux. Il posa doucement le revers de sa main sur ma joue.

    - ...Tu es complètement gelée, mon pauvre chaton... Viens là.

    Il me tira doucement contre lui, me serrant dans ses bras. Son corps irradiait une chaleur agréable... Je ne me rendis compte qu'à cet instant que mes jambes tremblaient. Probablement à cause du froid. Je n'avais plus la force de me tenir debout. Plus l'envie, non plus...

    - P... Porte-moi, s'il te plait, lui demandai-je, malgré mon embarras.

    Je l'entendis rire doucement, puis, plaçant un de ses bras un peu sous mes épaules, il me fit basculer en me ramassant au niveau des genoux avec l'autre. J'enroulait mes bras autour de son cou et me blottit contre son torse chaud, fermant les yeux. Je devinai cependant qu'il devait avoir un grand sourire béat...

    En un instant, nous fûmes dans ma chambre. Mes parents étaient partis en vacances pour Noël; ils en avaient bien besoin et très envie, et c'était la seule fois de l'année où mon père avait droit à des congés... Alors le fait que je n'entre pas par la porte était sans importance. Kisshu se mit à flotter, assis en tailleur, et me fis "asseoir" sur ses jambes. Sa main resta dans mon dos pour me tenir, tandis qu'il rejetait mes couvertures de l'autre. Il me posa sur le matelas... Mais je gardai mes bras autour de son cou. Le lit était froid, j'avais froid, et lui avait si chaud... Il rit puis porta ses mains jusqu'aux miennes, dans sa nuque. Il les en détacha, les serrant doucement dans les siennes, les caressant avec ses doigts. Il en embrassa une, puis les lâcha.

    - Va te changer, prends une douche chaude, et ça ira mieux... Je n'ai rien contre le fait de dormir avec toi, mais je n'ai pas envie de profiter de la situation. J'ai déjà donné et ça m'est toujours retombé dessus, alors...
    - Bon... D'accord, fis-je, un peu contrariée.
    - Ichigo ?
    - ...Oui ?
    - Je t'aime. Tu viendras à la fête ...?

    Il se mordit la lèvre inférieure. Il semblait appréhender ma réponse... Cela me fit sourire intérieurement.

    - Oui. Je viendrai.
    - Pour de vrai ?, demanda-t-il, apparemment très heureux.
    - Puisque je te le dis..., répondis-je en souriant.
    - ...J'ai hâte d'y être dans ce cas~ !

    Il me fit un clin d'oeil et disparut. Après une bonne douche chaude, j'allai me coucher.

    Le lendemain, je ne travaillais pas au café. Et le jour de Noël nous étions fermés puisque tout le monde ferait la fête jusque tard et donc, personne n'aurait envie de travailler, bien sûr. De plus, Keiichiro étant partant ce matin dans sa famille au sud pour le réveillon, il n'aurait pas pu revenir à temps. Bref, toujours est-il que je pus flemmarder dans mon lit jusque très tard ♥ Vers 11h, je reçus la visite de Kisshu.

    - Encore au lit, chaton ?, me demanda-t-il en riant.
    - Qu'est-ce que ça peut te faire ?, bougonnai-je.
    - Je passais juste pour te donner l'heure et l'emplacement de la fête. Je suis allé ce matin au café pour le dire aux autres, et comme tu n'y étais pas...
    - Merci, répondis-je en prenant le papier qu'il me tendait. Au fait... Masaya peut venir aussi ?
    - ...Si tu veux, oui, répondit-il en se forçant à sourire.
    - Chouette ! Je l'appelle tout de suite pour le lui proposer, dis-je en attrapant mon portable qui se trouvait à côté de mon oreiller.
    - Tu sais, je suis pas sûr que garder ce truc bourré d'ondes dans ton lit soit une bonne id-
    - Chut !, lui ordonnai-je en composant le numéro.

    Au bout de trois tonalités seulement, Masaya répondit.

    - Allô, Ichigo ?
    - Masaya ! Ca va ? Tu fais quoi ?
    - Pas grand-chose...
    - Non, je veux dire... Ce soir, je vais à une petite fête chez... des amis, pour Noël. Tu veux m'accompagner ?
    - Ah... Désolé, je n'peux pas.
    - ...Pourquoi ?, demandai-je, surprise qu'il refuse.
    - Ben... Noël, c'est une fête de famille alors je vais rester avec mes parents. Excuse-moi, je dois te laisser. Bye !
    - ...Ouais, c'est ça. A une prochaine fois, ...peut-être.

    Je raccrochai sans lui laisser le temps de rien ajouter. J'étais plutôt vexée qu'il préfère ses parents à ma compagnie, et encore plus qu'il me dise qu'il avait mieux à faire que de me parler... Il m'énervait, des fois. Noël, pour moi, c'n'était pas une fête de famille mais une fête romantique, pour les couples ! Enfin bon, je me calmai assez rapidement pour faire bonne figure devant Kisshu. Il respecta mon silence, me regardant sans rien dire, flottant en tailleur à côté de mon lit.

    - ...Alors ?, finit-il tout de même pas me demander.
    - Alors quoi ?, demandai-je, dans la lune.
    - Il vient pas ?
    - ...Il a déjà quelque chose de prévu.

    Je m'attendais à ce qu'il dénigre mon petit ami. A ce qu'il dise qu'il fallait s'y attendre, que Masaya était un idiot, qu'il devait avoir des choses à faire qu'il jugeait plus importantes que moi, ou ce genre de choses. Imaginez donc ma surprise, en entendant sa réponse...

    - ...Bah, ça arrive. Il se rattrapera sûrement une autre fois...

    Oui. Cette réaction me laissa vraiment sans voix. Et en même temps, ça me rendit heureuse, parce que je savais qu'il avait envie de sauter de joie et qu'il devait jubiler intérieurement, mais qu'il se contrôlait pour ne pas me vexer. Pour que je ne sois pas davantage triste...

    - Dis, chaton... Puisque ton petit Masaya ne peut pas venir... Tu veux bien être ma cavalière ?
    - Ta... cavalière ? Mais on va pas à un bal, répondis-je en riant.

    Il sembla un peu fâché que je me moque de ce qu'il venait de dire; il avait du se renseigner sur beaucoup de chose alors évidemment... Je me calmai et lui fis un grand sourire.

    - Je veux bien t'accorder une ou deux danses pendant la fête, si y'a de la musique.
    - Et on s'assiéra côte à côte ?
    - Oui.
    - Et... Je pourrai t'embrasser sous le gui ?
    - ...On verra.

    Il ne parut pas déçu, il avait l'air content que j'aie au moins accepté 2 choses sur les 3... Il m'embrassa sur le front puis s'apprêta à s'en aller.

    - Attends !

    Il me lança un regard interrogateur, un sourire joyeux illuminant son visage.

    - Oui ?
    - Tu... Tu voudras bien venir avec moi faire les boutiques ? Parce que j'ai pas de robe de soirée et donc... Et puisque tu vas beaucoup me regarder... Autant qu'elle te plaise...

    Son sourire s'élargit.

    - Avec grand plaisir ! Quelle heure ?
    - Dans mon salon à 14h ?
    - Ca marche ! Mais si t'es pas là, je viens te chercher. Même si t'es dans la salle de bain, dit-il en riant.

    Il prit ensuite un air sérieux... Qui ne suivait pas avec son sourire pervers. Il me détailla, puis plongea ses yeux d'ambre dans les miens.

    - Surtout si tu es dans la salle de bain...

    Il rit à nouveau, puis disparut. Cette dernière remarque m'avait procuré un drôle de sentiment... Un sentiment chaud qui m'avait complètement englobée, telle une bouffée de chaleur. Je me demandais s'il le ferait vraiment, mais... C'était Kisshu, évidemment qu'il ne se gênerait pas. Je flemmardai encore un peu dans mon lit, regardant le plafond, pensant au genre de robe qu'il me ferait acheter... Probablement quelque chose de peu couvrant, alors j'espérai qu'il ne ferait pas trop froid ce soir. Midi arriva vite, je mangeai un truc vite-fait, j'n'avais pas vraiment très faim. Je montai ensuite me laver. J'eus fini de me préparer à 13h50, mais décidai de rester dans la salle de bain -habillée-, juste pour voir si Kisshu mettrait réellement sa menace à exécution. A ma grande surprise, il ne le fit pas... Je descendis à 14h15, et découvris un Kisshu légèrement colérique et impatient.

    - Tu fichais quoi ?!
    - J'attendais que tu viennes me chercher, répondis-je avec un sourire sournois.

    Ma réponse le laissa sans voix, bouche bée. Puis il sourit malicieusement.

    - C'est bon à savoir pour la prochaine fois...
    - S'il y a une prochaine fois.
    - Oui, bon... L'espoir fait vivre, comme vous dites ! On y va ?

    J'acquiesçais de la tête, et nous partîmes vers le centre commercial. Il avait pris un bonnet de père-Noël pour cacher ses oreilles... Ce qui passerait inaperçu dans la masse de personnes qui en portaient.

     

    La suite arrivera bientôt =)

    Votre avis jusque là...? :3


    17 commentaires
  • C'était enfin les vacances. Les vacances d'été... Les Grandes Vacances, comme on les appelle. Ichigo était si heureuse d'enfin pouvoir dire bye bye au collège ! Pas de façon définitive, malheureusement, mais pour deux longs mois tout de même. Au tout début des vacances, elle s'était rendue à une convention sur l'écologie avec Aoyama. Ca ne l'avait pas intéressée plus que ça et lui avait coûté 3 mois de salaire, mais elle avait pu rester deux jours entiers avec lui, alors elle était bien heureuse de s'y être rendue ! Elle était ensuite restée une semaine seule chez elle; elle avait eu droit à un congé de la part de Ryo pour les vacances -comme chaque mew mew, mais pas en même temps bien sûr- et ses parents avaient décidé de partir en voyage pour leurs 15 ans de mariage. Rien de bien particulier ne s'était passé durant cette période; elle n'était pas sortie une seule fois (il n'y avait rien à faire ni personne à voir dehors... et il faisait étouffant). Elle était restée collée à son écran d'ordinateur, chantant, écrivant parfois, se rendant sur des forums... Ses parents étaient à nouveau là, sans que rien ne se soit passé.

    Peu de temps après, Sakura (sa mère) reçut un appel d'Hokkaido. Apparemment, la grand-mère d'Ichigo avait eu un petit problème de santé... Pas très grave, mais qui l'obligeait à être assistée par quelqu'un pendant 2 à 3 semaines. Elle s'y était rendue seule; son mari aurait voulu l'accompagner, mais Ichigo ne pouvait pas rester seule chez eux pendant aussi longtemps. L'abandonner 7 petits jours lui avait déjà paru horrible, alors il n'était pas question pour lui de s'absenter 3 longues semaines.


    C'est deux nuit plus tard que notre histoire commence.


    Ichigo était restée sur son ordinateur jusqu'à 3h du matin. Elle se décalait toujours du reste du monde pendant les vacances, mais cette fois-ci, elle s'était promis de diminuer son décalage; pas question de dormir de 8 à 17h comme l'année précédente ! Elle avait réussi à s'y tenir jusque là, et en était particulièrement fière... Elle alla donc se coucher après avoir éteint son ordinateur portable et l'avoir rangé, comme toujours, sur une étagère. Elle n'avait pas beaucoup pris soin de sa chambre dernièrement, ses affaires étaient étalées un peu partout dans son lit et sur le sol, au point qu'on n'arrivait presque plus à faire un pas sans écraser quelque chose... Elle saisit le livre qu'elle avait laissé sur son lit plus tôt et le posa au-dessus de l'ordinateur. Geste anodin, ...et pourtant...

    Elle ouvrit doucement les yeux. La lumière de sa chambre était allumée... Et un inconnu se tenait dans l'entrebâillement de la porte. Elle était encore endormie, referma simplement les yeux. L'inconnu s'en alla, puis revint. Elle rouvrit les yeux. Ne réagit pas. Finit par se relever légèrement... L'inconnu était plutôt grand. C'était un homme... La pigmentation de sa peau laissait supposer que ses origines n'étaient pas nordistes. Elle avait toujours l'esprit embrumé, se demanda si c'était un ami de son père... Et si c'était le cas, ce qu'il venait faire dans sa chambre.

    - Si tu parles... Je te tue !, lui lança-t-il tout bas en s'approchant du lit.

    Elle le regarda avec un air incrédule. La tuer ? Mouais... Elle leva un sourcil, de manière à ce qu'il remarque qu'elle ne le prenait pas au sérieux. Il répéta.

    - Si tu parles, je te tue !

    Elle ne releva pas. Elle continua à le regarder. Elle avait presque envie de se recoucher et de l'ignorer, mais s'il menaçait de la tuer, c'est qu'il n'était pas tout-à-fait un ami. Et elle n'avait aucune envie qu'on lui vole ses affaires ou quoi que ce soit. Elle resta simplement sans bouger, un regard inexpressif dans ses jolis yeux.

    - J'ai pas envie de te faire du mal tu sais. Surtout que tu es petite... Tu dois savoir où tes parents cachent leur argent ?, lui demanda-t-il.

    Elle sourit intérieurement; il voulait la tuer, mais ne voulait pas lui faire de mal ?

    - Y'a pas d'argent dans la maison.
    - Si, si y'a de l'argent et tu vas me dire où !
    - A la banque.
    - Non, y'a de l'argent ici !
    - Non. Y'en a pas. On garde tout à la banque parce que ça nous sert à rien d'en avoir dans la maison.
    - Je plaisante pas, en bas y'a plein plein de gens, ils ont des fusils, et si tu dis pas où est l'argent, ils te tuent !

    Joignant le geste à la parole, il mima un revolver avec sa main, la pointant vers Ichigo, qui retint un soupir d'exaspération.

    - Puisque je vous dis que y'a pas d'argent...
    - Bon, lui fit-il. Lève-toi et tu descends avec moi.

    Ichigo obtempéra lentement, après lui avoir enlevé des mains son portable qu'il avait prit de sa table de nuit, sous le regard étonné de l'homme qui n'avait pas opposé de résistance. Elle sortit de son lit et, machinalement, chaussa ses chaussons... Toujours sous le regard étonné du cambrioleur. Elle ne se rendit compte qu'après-coup que c'était vraiment stupide, de mettre ces chaussons dans une telle situation... Elle se sentait extrêmement sereine. Peut-être à cause de la fatigue -il n'était que 5 heures-, peut-être parce qu'elle n'y croyait pas trop, peut-être parce que cet homme était ridicule... Peut-être aussi était-elle trop stupide pour avoir peur. Toujours fut-il qu'elle ne paniqua pas. Il descendit devant elle dans les escaliers. Encore une fois, il était idiot, puisqu'elle aurait -si elle y avait pensé- très bien pu lui donner un coup dans le dos pour le faire tomber et ainsi, avoir le temps d'appeler la police ou de réveiller son père.

    Ils arrivèrent en bas. Elle se souvint que son père avait décidé de dormir dans le salon; être dans sa chambre sans sa mère serait apparemment trop dur pour lui. C'était une bonne chose, Ichigo envisageait un moyen de se débarrasser de ce gars qui s'était cru tout permis... en effet, la maison était presque sans dessus dessous. Les tiroirs étaient ouverts, avaient été fouillés, les armoires également, tous les sacs aussi, bref, un vrai bazar.

    - Excusez-moi... Ils sont où vos amis avec les pistolets ?, demanda innocemment Ichigo, qui avait très envie de rire.
    - Ils sont dehors, à la porte, et si tu me dis pas où est l'argent, ils vont te tuer !
    - Ah... Bah pourquoi ils viennent pas ?, continua-t-elle sur le même ton, se disant qu'il la prenait vraiment pour une grosse conne...
    - Cht, fit-il pour qu'elle se taise. Parle tout bas. Allez, montre-moi où est l'argent !
    - Y'a pas d'argent...
    - Si. Si, y'a de l'argent. Viens, on va chercher à deux !

    Il commença à chercher dans un tiroir encore inexploré.

    - Là, y'a que des bougies et de l'encens..., fit Ichigo sans bouger.

    Elle voulait l'énerver. Pour qu'il parle fort, et avec un peu de chance, réveille son père, endormi à quelques mètres à peine... Il ouvrit le tiroir d'en dessous.

    - Et là, c'est du matériel scolaire et des outils de dessin...

    L'homme se tourna vers elle, visiblement irrité, et ayant apparemment renoncé à chercher par lui-même.

    - Bon, tu t'assieds là et tu te tais !, lui ordonna-t-il en désignant un coin de la pièce.

    Elle obtempéra sans rien dire et attendit. Encore une fois, elle rata une occasion; il était entré au bord de la cave, sur l'espèce de petit palier qui se trouvait juste avant le vieil escalier. Elle aurait pu simplement fermer la porte ou le fait tomber, puis réveiller rapidement son père... Au lieu de ça, elle ne bougea pas, attendant qu'il en ait assez. Son projet de le faire s'énerver et parler fort était vain, en y repensant; son père dormait avec des boules Quies puisqu'il avait le sommeil très léger, alors il ne broncherait pas même si un bulldozer était en train de détruire la maison. Elle regarda sa montre. 6 heures... Déjà... Elle était fatiguée et n'avait pas du tout envie de continuer à jouer avec cet abruti. Il revint vers elle, allumant la lumière du salon en essayant divers interrupteurs.

    - Tu es toute seule chez toi ?
    - Non, y'a mon père.
    - Et il est où ?
    - Bah, il dort. Vous voulez qu'il fasse quoi à une heure pareille ?

    Il s'accroupit devant elle.

    - Tu sais, moi, j'ai pas du tout envie de faire tout ça. Les gens dehors, ils ont enlevé ma mère, et ils vont la tuer si je ramène pas 500€... Tu comprends ?

    Il se mit à pleurer. Ou presque. Son petit numéro aurait pu être crédible s'il n'avait pas eu à faire à Ichigo; faire semblant de pleurer, c'était une seconde nature chez elle. Dès qu'elle était contrariée, voulait des excuses, attirer l'attention ou simplement, obtenir quelque chose... Il lui suffisait de pleurer. Et cet homme-là était un bien piètre comédien. De toutes manières, vraies ou fausses larmes, sa réponse n'aurait pas été différente.

    - Oui, je comprends, mais j'ai pas 500€, je vous ai déjà dit que y'avait pas d'argent ici.
    - Même 20€ ça me va aussi tu sais. Tiens, je vais rester là, et toi tu vas juste chercher 20€, et je regarde pas. D'accord ?
    - Je veux bien, moi, mais je vous dis que y'a pas d'argent...

    Il la fit se relever, la tirant par le bras. Il s'en alla dans l'entrée, lui disant de ne pas bouger. Elle le vit se baisser pour ramasser quelque chose et le mettre dans ton pantalon. Il revint, lui prit la main et la posa sur sa braguette... Elle voulut résister, cette idée la répugnant, mais n'était pas assez forte...

    - Tu vois, là, j'ai un flingue. Alors si tu me donnes pas d'argent, je te tue !
    - ...Ah ? Mais pourquoi y'a ça qui pend de votre "flingue" ?, demanda-t-elle, désignant un petit cordon rose. On dirait plutôt la laisse qui traînait dans le couloir...

    Il enleva la laisse de son pantalon. Une laisse "à rallonge", avec une poignée en plastique dur... Ichigo l'avait achetée quelques années auparavant, voulait se faire de l'argent de poche en promenant des chiens, et elle ne l'avait jamais rangée. L'homme la fit s'allonger un peu, passant le fil dans la nuque d'Ichigo et resserrant légèrement son étreinte sur son cou.

    - J'ai pas de flingue mais je peux te tuer avec ça... Alors dis-moi où est l'argent.
    - Je vous l'ai déjà dit au moins 20 fois, fit-elle, une pointe d'exaspération dans sa voix. Y'en a pas !

    L'homme posa violemment la laisse sur une chaise, entreprenant à nouveau de fouiller la maison. Il se rendit dans le salon à grand pas, qui se firent plus discrets lorsqu'il aperçut le père d'Ichigo, endormi dans le canapé... Il revint vers elle.

    - Bon écoute... Je veux pas te faire du mal moi, mais il faut que je ramène un peu d'argent sinon ça va aller mal pour moi...
    - Oui, je sais, mais moi j'en ai pas alors je peux pas vous aider, fit-elle, l'air désolée... seulement l'air.
    - Tu es fatiguée ?, demanda-t-il gentiment.
    - Oui...
    - T'as envie d'aller dormir...?
    - Oui.
    - ...Si tu me promets que tu dis rien à ton père, et que tu appelles pas la police, je m'en vais. D'accord ? Tu me promets ?
    - Oui oui, promis.
    - Mais je reviendrai, alors n'en parle pas !

    Il s'en alla simplement par la porte d'entrée, et Ichigo put enfin respirer librement. Des larmes de terreur coulèrent finalement le long de ses joues et elle alla réveiller son père, en sanglots, puis lui raconta tant bien que mal toute la scène. Elle sentait l'adrénaline engourdir tous ses membres, et sa tête tourner... Son père vérifia qu'on n'avait rien pris, même si elle lui avait affirmé que l'homme était reparti les mains vides, puis repartit simplement dormir. Elle remonta à son tour dans sa chambre, terrifiée en se rendant compte de ce qu'il venait de lui arriver... Fort heureusement, même à 6 heures du mat', elle pouvait compter sur ses amis pour se connecter sur leur ordinateur. Elle discuta de cette histoire jusqu'à environ 8 heures, et lorsqu'elle fut enfin calmée, alla se coucher. Pas avant que le ciel ne soit baigné de lumière, cependant...

    Tout l'été, elle veilla jusqu'à ce que le ciel deviennent bleu clair, n'osant plus fermer l'oeil durant la nuit. Au moindre petit bruit dans la maison, son coeur accélérait à un rythme fou et l'adrénaline lui faisait tourner la tête, lui provoquant parfois de petits malaises. Elle se sentait si mal...

     



    Prochainement, je serai à nouveau seule chez moi.
    J'ai peur...

     

    A part quelques trucs adaptés pour coller à Ichigo (principalement les parents, puisque les miens sont en fait divorcés), cette histoire est réelle... J'ai enlevé certains trucs, parce que ça aurait fait trop pour une oeuvre littéraire, mais il m'a aussi demandé si y'avait des ordinateurs chez moi alors qu'il avait 7 ordis portables (+ le mien) à portée de main... Bref. Ce gars était troooop stupide...)


    votre commentaire
  • C'était il y a un peu plus de 400 ans... en années humaines. Pour moi, ça s'est passé il y a à peine une dizaine d'années...

    Nous vivions sur Terre à l'époque. Cette belle planète toute de bleu recouverte, qui ne nous appartenait pas mais tolérait notre présence à sa surface. Nous la traitions aussi bien que nous voulions l'être, et elle nous en remerciait en nous offrant une nature plus belle chaque jour. Pour ma part, je vivais dans une sorte de désert. Non pas que cet endroit fut désertique, bien au contraire; à notre époque, "désert" désignait les endroits ensoleillés où l'on n'avait presque pas d'herbe, mais beaucoup de sable. Puisqu'il y faisait très chaud, l'une de ses autres caractéristiques était les habitations construites en une sorte de terre qui laissait l'intérieur frais, et qui n'était pas très différente de la couleur du sable, ce qui empêchait d'éventuels ennemis de les repérer de loin... Bien que nous n'eûmes jamais eu d'ennemis.

    Pour ma part, je vivais au palais. C'était un bâtiment comme les autres, si ce n'est qu'il comportait deux étages et occupait une surface beaucoup plus grande au sol. Nous n'avions pas besoin de cet espace puisqu'avec les domestiques, nous n'y vivions qu'à dix... Mais de cette façon, s'il y avait une tempête, tout le village pouvait s'y réfugier, puisque c'était le bâtiment le plus solide. Pourquoi j'y vivais ? Parce qu'il appartenait à mes parents. Le roi Ryugo et la reine Kyoshi. Mon père était ce qu'on appelle de nos jours un vampire, et ma mère... il n'existe plus aucune appellation pour les gens comme elle. Parce que tout est si impur de nos jours, que ça soit dans l'air ou dans les coeurs, qu'il est impossible pour les êtres de son espèce de vivre sur la planète Terre...

    Elle était ce qui tendrait à se rapprocher d'un ange. Pas un ange comme les terriens en vénèrent dans leurs religions... Une personne tout-à-fait normale, avec une âme plus pure que l'entendement ne permet d'y songer. D'une gentillesse et d'une empathie sans failles, croyant en la bonté profonde de tout être, aussi pourris soient-ils. Je suis né de l'union d'une personne aussi merveilleuse et d'un être plus puissant qu'on ne peut l'imaginer. J'étais considéré comme "parfait" pour cela, et je ne me privais pas une seconde de le faire remarquer. On m'avait tellement mis en tête que j'étais quelqu'un d'extraordinaire depuis mon plus jeune âge, qu'à mes 7 ans j'étais déjà plus hautain et prétentieux que n'importe qui sur notre planète. C'est également à cet âge que je me suis mis à recevoir les requêtes des paysans à la place de mon père, qui s'occupait de diriger son royaume. Je ne saurais exprimer mon comportement par des mots, aussi voici un exemple;

    Une jeune fille de 12 ans environ est venue au palais. J'étais assis dans le trône de mon père. "Assis" étant un bien grand mot... Un coude posé sur l'un des accoudoirs, ma tête reposant sur la main du même bras, tandis que l'une de mes jambes pendait de l'autre côté, posée sur le deuxième accoudoir. Elle parut surprise par cette drôle de position qui n'avait rien que très noble -j'étais tout de même prince...-, mais ne m'en fit pas la remarque. Elle fit la révérence comme il en convenait puis me fit sa requête.

    - En fait, prince... Il se trouve que ma mère attend un deuxième enfant, aussi elle n'a pas pu aller travailler au champ dernièrement.

    Ah, oui... A l'époque, chacun travaillait pour gagner son propre pain. Il n'y avait pas vraiment d'argent; si on n'avait pas envie d'aller au champ, on n'y allait pas, mais simplement il fallait s'assurer de pouvoir manger. On pouvait n'y aller qu'un jour par semaine si on travaillait suffisamment pour se nourrir. Les enfants n'avaient pas le droit d'aller au champ ou de faire d'autres travaux d'adultes, car ils étaient "l'incarnation de la pureté" et ce genre de trucs ennuyeux...

    - Et ?, dit-je, sans vraiment m'y intéresser.
    - ...Mon père est mort quand j'étais petite, donc, il n'y a personne qui puisse le faire à sa place... Je voudrais, si vous le voulez bien, vous emprunter de quoi manger...
    - Je vois. Je pourrais parfaitement te donner de quoi manger pour ta mère et toi jusqu'à l'arrivée de son enfant... Ou alors, tu pourrais travailler ici pour gagner de quoi vous nourrir.
    - Tr...travailler ? Mais je n'ai pas encore le droit..., fit-elle, d'un air embarrassé.
    - Tu peux parfaitement être ma domestique, peu importe ton âge. Tu devras faire tout ce que je te dirai ! Enfin, tu peux mourir de faim si tu préfères, moi ça m'est égal...
    - Kisshu, fit ma mère en entrant dans la pièce.

    Je poussai un juron et m'assit convenablement, rouge jusqu'à la pointe des oreilles.

    - Je peux savoir à quoi rime cette histoire ?
    - ...Pardon, mère. C'était juste pour plaisanter...
    - Je ne trouve pas cela très amusant, me répondit-elle gentiment. Certaines blagues ne sont pas drôles pour tout le monde, principalement lorsqu'elles parlent de choses aussi cruelles...
    - Désolé...
    - C'est plutôt à cette jeune fille que tu devrais t'excuser, dit-elle en souriant.
    - N...Non, ça ira, fit la jeune fille. Si Son Altesse a pu se divertir grâce à moi, alors tant mieux...

    Finalement, on leur a donné de quoi manger à leur faim jusqu'à l'arrivée du bébé, et un peu après aussi, le temps qu'il n'ait plus trop besoin de sa mère et qu'elle puisse à nouveau aller au champ. Ma mère n'en a pas parlé à mon père, heureusement pour moi... Mais elle m'a fait promettre de ne pas recommencer.

    C'est vers mes 14 ans qu'on me présentât ma cousine, l'enfant de la soeur de mon père. Elle avait deux ou trois ans de moins que moi. Une petite blonde aux yeux bleus qui ne parlait jamais...

    - Tu vas passer un peu de temps avec elle, m'avait dit ma mère. Beaucoup de temps, même... J'aimerais que vous vous appréciiez.
    - Pourquoi, mère ? Je n'ai aucune envie de perdre mon temps avec une petite idiote !
    - Parce qu'elle deviendra un jour ton épouse, m'avait froidement répondu mon père.

    Sa voix ne me laissait aucune échappatoire. Il m'avait remis à ma place et interdit de protester d'un simple regard, et j'étais resté ébahi sans pouvoir rien dire. Je me tournais alors vers cette pauvre enfant qui ne devait rien comprendre à ce qu'il se passait... J'étais un idiot fini, à l'époque. Je le suis probablement toujours.

    - Ca, ma future femme ?!, lui dis-je. Laisse-moi rire ! Un laideron pareil ne mérite pas un être aussi parfait que moi, alors tu ferais mieux de sortir de ma vue immédiatement !

    Elle se mit à pleurer, et j'eus un sourire satisfait. Si je ne pouvais pas choisir mon épouse, elle au moins refuserait de se marier avec moi. C'est ce que je pensais. Et puis, au fond, je pensais aussi ce que je lui avais dit. Parce que j'étais stupide. Elle sortit du palais en pleurant. Ma mère se leva pour la rattraper, et probablement la consoler, mais mon père lui fit signe de rester assise...

    - Kisshu, commença-t-il.
    - Non ! Je refuse de vous écouter, père. Je choisirai moi-même mon destin, et ce n'est certainement pas un vieillard comme vous qui allez décider du contraire !

    Sur ces mots, je suis parti dans mes appartements. Quelques minutes plus tard à peine, le sol s'est mis à trembler... A trembler comme il n'avait jamais tremblé. Je suis retourné à la salle du trône, et j'ai vu mes parents qui se trouvaient sur le pas de la porte du palais. Je me suis dirigé vers eux et les ai questionnés du regard. Ils ne m'ont rien dit et ont reportés leurs yeux sur le ciel... Des énormes boules de feu le traversaient à une allure effrayante. Il arrivait souvent que des astéroïdes tombent sur la Terre, mais en général, ils se consumaient presque entièrement avant de toucher le sol. Cette fois-ci, les secousses que j'avais ressenties plus tôt étaient dues à l'une de ces météorites. L'une des plus petites...

    Ce jour fut tout simplement un Enfer. Seul 5% de la population a pu être sauvée de ce cataclysme... Ma tante, la soeur de mon père, est venue nous voir alors que nous montions dans l'un des vaisseaux. Elle était si affolée qu'il n'existe pas de mot pour décrire l'état précis dans lequel elle se trouvait. Ma cousine, la petite fille que j'avais fait pleurer à peine plus tôt, était introuvable... On l'a forcée à monter dans le vaisseau et mon père est parti à la recherche de la petite. Je voulais qu'on l'attende. Tout le monde voulait l'attendre. Mais si on n'avait pas décollé, des centaines de personnes se trouvant dans ce vaisseau auraient perdu la vie... Je n'l'ai jamais revu. Et c'était entièrement de ma faute.

    Ma mère est à la tête de notre peuple. Normalement, ce sont obligatoirement des garçons qui dirigent, mais... J'ai refusé. Je ne veux pas devenir roi. Pas après ce qui est arrivé à mon père à cause de moi. Pas après ce que j'ai fait à ma pauvre cousine que je connaissais à peine. Si j'acceptais de diriger le peuple après tout ça, je ne pourrais définitivement pas me regarder en face. Encore moins que je ne le peux présentement. C'est en grande partie pour ça que j'ai décidé d'être envoyé sur Terre, deux ans plus tard. Deux de nos années, bien entendu. Pour me racheter, si je puis dire... Je sais pertinemment que quoi qu'il puisse advenir grâce à moi, ça ne changera rien au passé. Mais je pensais que ça pourrait peut-être alléger un peu ma conscience, de sauver notre peuple comme mon père l'aurait fait...

    Seulement, sur Terre, il y a des humains. Des humains... Répugnants. Ignorants, impitoyables. Que ça soit entre eux ou par rapport à la planète qu'ils habitent, ils n'ont absolument aucun respect ni aucune compassion. Dès le premier instant où je les ai observés, je les haïssais déjà... Ils avaient souillé notre si belle planète. Ils se fichaient d'elle. Ils ne cohabitaient pas, ils détruisaient. Presque aucune nature, un air quasiment irrespirable, des engins assourdissants partout... J'eus du mal à croire que c'était réellement la Terre. A croire que cet endroit maudit était ma planète d'origine... Autrefois si belle, elle était désormais le reflet de l'âme humaine; enlaidie, emplie de haine et de crasse.

    Je m'étais déjà rendu sur Terre, un peu avant. Juste pour voir ce qu'elle devenait. J'avais atterri dans un pays nommé "Amérique", il me semble. Dans un endroit plus ou moins resté pur, même s'il y avait, comme partout, des déchets dans l'air. C'était ce que les humains appellent "la campagne", donc il y en avait moins qu'aux autres endroits. J'ai découvert par là qu'un humain avait retrouvé le fossile d'un être étrange... Et qu'il comptait l'étudier. Je suis alors allé chez lui discrètement pour voir de quoi il s'agissait. J'avais toujours été curieux... Une fois entré dans son "laboratoire", j'avais pu voir ce fameux fossile. C'étaient des ossement d'une personne de mon peuple, probablement de l'un de ceux restés sur Terre lors du cataclysme... Elle était entrée dans la pièce, très discrète, et j'avais failli ne pas m'en rendre compte.

    - Bonjour, Kisshu... Ca fait longtemps.
    - ...Tu es toujours en vie, alors ?, répondis-je à la petite blonde aux yeux bleus qui venait de fermer la porte derrière elle.
    - Et pas grâce à toi, me fit-elle remarquer avec un air de reproche.
    - Oh, parce que cette pluie de météorite a été causée par ma petite personne ?, répondis-je sur un ton sarcastique.
    - ...Ton père a été très courageux de partir à ma recherche. Alors que c'était à cause de toi si je m'étais enfuie.
    - Tu l'as croisé ?
    - Possible...
    - Il est toujours en vie ?
    - Il l'a été. Il m'a protégée, et une fois qu'il n'y avait plus de dangers, je me suis vengée. Je ne pouvais pas t'atteindre, alors...

    Je restai impassible. Extérieurement, du moins. Les vampires de son espèce étaient des êtres perfides, qui aimaient se délecter de la souffrance qu'ils faisaient subir aux autres... Ma tante avait été comme ça aussi. Elle avait toujours rejeté la mort de sa fille sur moi, ce que je pouvais comprendre. Et à chaque fois que je culpabilisais, elle jubilait. J'avais fini par m'arranger pour ne plus la croiser... Je forçai un sourire narquois auquel elle ne pourrait voir que du feu. J'avais pris l'habitude de faire semblant...

    - Oh, je vois... Quand une créature de ton espèce ne peut pas atteindre le vrai fautif, elle massacre la première personne qu'elle voit pour se calmer. Ca ne m'étonne pas... Ta mère était exactement comme toi. Mais tu vois... Moi aussi, je peux être cruel.
    - Tu... as tué ma mère ?
    - Qui sait ?, fis-je en me forçant à sourire joyeusement.

    Je me téléportai hors de la pièce, et elle en sortit également. Je volai jusque dans le salon... Ils avaient une très grande maison, plus grande que ne l'avais été le palais. Je remarquai un cadre posé sur un des meubles. C'était une photo. On pouvait la voir aux côtés d'un homme et d'un petit garçon aussi blond qu'elle.

    - C'est ton fils ?, lui demandai-je.
    - Repose ça !
    - Hm... Il est très jeune. Il a les mêmes pouvoirs que toi ?
    - Je t'ai dit de reposer ça ! Il n'a rien à voir là-dedans !
    - Tiens, c'est drôle... J'ai l'impression que mon père n'avait rien à voir là-dedans non plus, dis-je en riant. Le hasard fait bien les choses, non ?
    - ...Qu'est-ce que tu veux ?
    - Que tu choisisses. Ta vie, ou la sienne ?

    J'étais finalement redevenu sérieux. Quoiqu'elle réponde, je vengerais mon père. Soit en lui enlevant un être qu'elle chérissait, soit en la tuant. Elle se retourna.

    - Je..., commença-t-elle doucement. Je choisis... De te tuer !

    Elle m'envoya une décharge électrique. Elle était décidément stupide, puisque je contrôlais également l'électricité, et beaucoup mieux qu'elle... Je tendis le bras et, d'un geste, la déviai. Elle fit exploser le mur séparant le salon et le laboratoire. Sa réponse ne m'avait pas vraiment étonné, même si, de ce que je savais d'elle, j'aurais été encore moins surpris qu'elle préfère sacrifier son enfant.

    - Bien. Si tu ne choisis pas alors, vous mourrez tous les deux...

    Je me concentrai, et parvins à ressusciter le fossile. Ca n'était pas vraiment une personne de mon peuple, finalement; c'était l'un des gardiens du tombeau des rois. Comme son nom l'indique, il était censé protéger la grande tombe où l'on enterrait les monarques défunts... Cependant, il ferait l'affaire. Je lui ordonnai de détruire le bâtiment et tout ce qui s'y trouvait, avant de me téléporter à l'extérieur. La maison s'enflamma en une fraction de seconde, ne laissant aucune chance à ma très chère cousine. Je rejoignis mon vaisseau et, une fois à l'intérieur, ordonnai au gardien de me rejoindre. Il reprit sa forme normale; une simple torche inanimée. Un système de camouflage très efficace pour prendre les intrus par surprise... J'étais simplement retourné sur l'autre planète sans rien dire de tout ça à personne, et maintenant, je me retrouvais sur Terre. Dans un pays différent, et en pleine ville...

    Je détestais les humains. Et pourtant... Cette humaine m'avait captivé après que j'eus jeté un seul regard sur elle. Elle semblait si pure, si joyeuse, si gentille... Elle ressemblait beaucoup à ma mère. En beaucoup moins jolie, cela va sans dire. Parce que ma mère était et serait toujours la créature la plus exquise que l'univers puisse porter. Toutefois, cette humaine restait très mignonne... pour une humaine. J'avais envie de la connaître. J'avais envie de l'aimer, et qu'elle m'aime aussi... Cependant, tout ne se passe pas toujours comme on le voudrait. Pour une raison que j'ignore, Ichigo me détestât dès notre deuxième rencontre. Pourtant, il ne m'avait pas semblé avoir fait quoi que ce soit de mal la première fois que je lui ai parlé... Je l'ai embrassée pour la saluer et la flatter -car le fait que je m'intéresse à elle, d'après ce qu'on m'avait toujours dit, aurait du être flatteur-, et je me suis présenté. Ca lui a déplu, apparemment...

    Nous étions ennemis. Parce qu'un stupide humain l'avait décidé... Un humain blond, aussi blond que cette blondasse. Il ne me fallut qu'un instant pour faire le rapprochement entre son odieux visage et celui de ce stupide enfant que j'avais vu en photo. Je le détestais... Je détestais le fait qu'il existe. C'était injuste. Elle aurait du mourir, et mon père aurait du la laisser crever dans cet Enfer, il aurait du vivre. Si les choses s'étaient passées comme ça, ce bâtard ne serait jamais né... Le pire, c'est qu'il se plaignait régulièrement. "Vous avez tué mes parents, ils vous avaient rien fait, ouin ouin"... Haha. Oui, c'est sûr que sa mère n'avait jamais rien fait de mal; pauvre elle... Enfin, il était bien trop stupide pour que je puisse espérer lui faire comprendre, alors je l'ai toujours laissé se fourvoyer. Ca ne m'aurait avancé à rien.

    A cause de ce stupide blondinet donc, Ichigo m'a toujours considéré comme son ennemi. Mon amour pour elle et le fait qu'elle me rejette encore et encore ont fini par me faire littéralement perdre la raison. Mes sentiments ont bien failli me tuer, aussi... A plusieurs reprises. J'ai même donné ma vie pour elle, sacrifiant -du moins, je le pensais- celle de mon peuple tout en entier dans le même temps. Et pourtant, elle ne ressent rien pour moi... Aujourd'hui, je suis rentré sur la nouvelle planète que nous habitons. Nous avons finalement pu la rendre vivable, exactement comme l'était la Terre autrefois. Je ne suis toujours pas roi, c'est ma mère qui s'occupe de gouverner. A présent, plus rien ne m'empêcherait d'accepter... si ce n'est que je n'en ai pas la moindre envie. Je n'ai plus envie de grand-chose, à vrai dire. Seulement de la revoir...


    5 commentaires