• Rouge Fraise

    Genres: Romance, Humour, Spoil, surligner pour voir → Vampire

    Couple: KxI et/ou RxI, onsépaenkor ! (avec sûrement du MxI au début, daizolaie '^')

    Résumé: Alors qu'Ichigo a la grippe, une fièvre affolante et est incapable de bouger, les aliens ont prévu de les attaquer séparément, elle et ses amies, en espérant les vaincre. Toutefois, lorsque Kisshu vient, non pas la tuer comme convenu, mais jouer avec elle... elle lui mord l'avant-bras. Un geste étrange, qui semble avoir permis à la jeune fille d'aller beaucoup mieux, en très - trop - peu de temps...

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    Prologue
    Chapitre 1 - Chapitre 2 - Chapitre 3 - Chapitre 4 - Chapitre 5

  • Cela faisait déjà trois jours qu'Ichigo était clouée au lit. S'étant réveillée fiévreuse samedi matin, sans que ça n'ait l'air spécialement grave, ses parents avaient attendu le lundi pour appeler le Docteur Dracula. Il lui avait fait des examens sanguins afin de savoir ce qui la rendait malade. Il lui avait pris quelques tubes de sang et, y plongeant des petites languettes de papier avec des petits carrés d'une autre matière collés dessus, avait attendu quelques minutes de voir ce qui ressortait de ces tests "rapides", la fièvre de la jeune fille étant désormais trop importante pour qu'elle ne puisse rester comme cela le temps de tests plus approfondis en labo.

    Le verdict étant ensuite tombé: grippe. Elle était en arrêt pour la semaine, et interdite de sortie.

    Cela faisait déjà un jour complet, et Ichigo n'avait toujours pas daigné avaler une seule gorgée de ce médicament rouge vif et légèrement translucide qu'il avait laissé sur sa table de chevet, au grand désespoir de ses parents. Elle lui avait à peine jeté un regard avant de décréter qu'elle n'en voulait pas.

    Bien entendu, son état ne s'était pas amélioré pour un sou, malgré les bons petits plats "spécial malade" de sa mère et les cachets de paracétamol qu'elle avalait presque comme des bonbons, sans forcément toujours respecter le temps réglementaire entre deux prises, pour se sentir un peu mieux.

    Les « Ça n'est pas en n'écoutant pas le docteur et en faisant de l'auto-médication hasardeuse que tu vas guérir, tu sais ! » et « Tu vas juste te rendre encore plus malade à avaler ces gélules n'importe comment » de son père n'avaient pas semblé l'atteindre; c'était toujours préférable à ce médicament rouge.

    Alors qu'elle était à demi-consciente, assaillie par une nouvelle poussée de fièvre et haletante sous sa couette, Masha se mit à sonner, biper et crier.

    - Ichigo ! Ichigo ! Alien ! Il y a un alien !

    Elle ouvrit péniblement les yeux, n'y parvenant qu'à moitié, et tenta malgré sa vision trouble d'attraper la petite boule de poils rose qui flottait à côté de son lit, essayant comme elle le pouvait d'articuler malgré sa gorge sèche;

    - Masha... Préviens-

    - Yo, Ichigo !

    Kisshu se trouvait à la fenêtre de sa chambre, que la mère d'Ichigo venait d'ouvrir quelques minutes auparavant pour en renouveler l'air. C'était l'été après tout, alors peu importe qu'elle soit malade, l'air extérieur ne rendrait pas ça pire (et même si ç'avait été le cas, ça lui aurait peut-être remis les neurones en place et fait prendre son sirop !). Elle tenta de s'asseoir dans son lit pour lui faire face, pour prendre une posture aussi défensive que possible, pour attraper son pendentif qui se trouvait dans le tiroir de sa table de nuit, hors de sa portée actuelle. Elle retomba presque immédiatement contre son oreiller, faisant tomber le sourire de l'alien, qui entra et "accourut" (ou plutôt flotta) auprès d'elle, envoyant au passage valser Masha, le mettant hors service.

    - Ça ne va pas, chaton ?

    - Va-t'en, Kisshu !

    Ces quelques petits mots l'obligèrent à reprendre son souffle. Évidemment, il ne l'écouta pas, pour changer. Au lieu de lui obéir, il posa sa main droite à côté d'elle, de l'autre côté de sa forme légèrement visible sous la couette, et sa main gauche sur son front. Ses pupilles se rétractèrent un peu sous l'étonnement et il siffla.

    - Eh bien, c'est une sacré fièvre que tu as là ! Pas trop en forme pour une petite course-poursuite dans toute la ville, j'imagine, hein ? ♪

    - Laisse-moi tranquille...

    En plus de la faiblesse plus qu'évidente dans sa voix, Kisshu ressentit de la peur. Elle avait peur de lui, maintenant...?

    - Ne t'inquiète pas, je ne prendrai pas le risque de casser mon jouet. Et t'ennuyer alors que tu es à peine capable de te défendre ou de me crier après...

    Il retira sa main en appui sur le lit, flottant complètement, toujours plus ou moins à côté d'elle, et la porta à la joue de la jeune fille qu'il caressa doucement.

    - Ça n'aurait rien de drôle, pas vrai ?

    - Je t'ai dit de t'en all- ! ... Tu... t'es coupé ?

    Il regarda la main avec laquelle il venait de la toucher. Effectivement; il y avait une très petite entaille sur son index.  «La peau des humains est si sensible que ça, pour qu'elle l'ait sentie ?! »

    - Oh, ... c'est juste une égratignure.

    En regardant à nouveau son visage, un frisson lui parcourut l'échine. Ses yeux avaient quelque chose... d'anormal. Elle s'assit finalement dans son lit sans trop d'effort, semblant désormais en pleine forme, et pris sa main avec une douceur qui le laissa sans voix. Elle sembla la porter à sa joue. « Elle a bien aimé que je la lui caresse...? »

    Ses yeux ambrés s'élargirent autant que ça leur était possible lorsqu'elle posa sa bouche sur l'intérieur de son poignet et qu'il sentit une vive douleur en émaner. Il se sentit comme paralysé, et pour le moins perdu et effrayé. Elle décolla ses lèvres de son avant-bras, tournant d'abord son regard, puis son visage vers lui et se lécha doucement la lèvre supérieure. Il n'eut même pas le temps d'être inquiet pour les deux petites marques sanglantes qui s'y trouvaient désormais, bien trop préoccupés par ses yeux, donc la pupille était devenue fine, comme celle d'un félin, et donc les iris étaient désormais parfaitement assortis à ses cheveux rouges au lieu de leur couleur chocolat habituelle.

    D'une certaine façon, c'était comme si ses yeux étaient irrémédiablement attirés par ce regard pour le moins effrayant. Il n'arrivait toujours pas à bouger le moindre orteil, lorsqu'elle se leva sur son lit et s'appuya sur lui avec une force qu'il ne lui soupçonnait pas - plus exactement, qu'il ne lui avait soupçonné qu'une fois, lors du fameux combat sous le cerisier empoisonné, sans trop y croire puisqu'il savait que c'était impossible. « Pensait savoir » étant un peu plus juste compte tenu de la situation actuelle. Il se retrouva allongé par terre, Ichigo au-dessus de lui, sa nuisette relevée au haut de ses cuisses par le fait qu'elle était quasiment assise sur lui. Il n'y prêta que vaguement attention du coin de l'oeil, toujours incapable de quitter son regard, ou même de cligner.

    Elle entremêla doucement leurs mains, leurs doigts, puis se pencha, d'abord vers son visage puis vers son cou. Il savait pertinemment ce qu'elle allait y faire, du moins inconsciemment, même si son esprit refusait plus ou moins de l'admettre. Le contact visuel rompu, il parvint à fermer les yeux, appréhendant la même douleur que celle qui continuait à brûler son avant-bras.

    Il se sentit défigé, la sentit se tendre, resserrer ses genoux contre lui, lâcher ses mains. L'entendit pousser une sorte de plainte étouffée. Il ouvrit les yeux pour la voir; yeux fermés, dents serrées, visage crispé comme jamais, les mains contre sa tête, les doigts entortillés dans ses cheveux sur lesquels elle semblait tirer légèrement tout en pressant ses poings serrés contre ses tempes.

    - Va-t'en !

    Elle avait hurlé tellement fort qu'il fut à nouveau paralysé par la surprise pendant un court instant, des bruits de pas dans l'escalier se rapprochant de la chambre l'en tirant assez rapidement. Il se téléporta quelques secondes à peine avant que les parents d'Ichigo n'entrent en fracas dans la pièce.

    Elle s'était écroulée au sol, épuisée, à nouveau prise par la fièvre, incapable de bouger. Son père l'avait ramassée et remise dans son lit, pendant que sa mère fermait la fenêtre et allait chercher un thermomètre. La jeune fille inspirait et expirait profondément, reprenant son souffle, tentant de calmer son cœur qui battait à tout rompre dans sa poitrine et ses oreilles à cause de l'effort qu'elle venait de fournir.

    En s'approchant pour prendre sa température buccale, sa mère resta figée un instant. Ichigo, le voyant, se recula rapidement, fermant immédiatement la bouche, plaçant une main dessus comme si cela allait changer quelque chose. Elle suivit le regard de sa mère qui se porta sur la bouteille de liquide rouge, toujours scellée, et son visage rougi par la fièvre devint livide instantanément.

    - Il y avait quelqu'un ici ? Qui... Qui aurait pu entrer sans qu'on ne s'en rende compte ?

    Son mari la regarda d'un air étonné et incrédule.

    - Quoi ?

    - Qui as-tu mordu, Ichigo ?

    • Rouge Fraise ~ Prologue ♪

    Voilàà, je me suis réveillée à genre 1h du mat' avec cette idée en tête,
    et je sentais que je n'arriverais pas à dormir sans au moins l'écrire jusque là, donc voici ! :D

    "Rouge Fraise" pour la couleur "rouge sang" + "Ichigo", bien entendu :p

    Qu'en avez-vous pensé ? Voulez-vous la suite ? :3

    C'est une fiction écrite à partir de la situation initiale; genre, je ne sais pas comment elle va finir,
    ni ce qu'il va s'y passer (sauf un ou deux trucs)... Il se pourrait que ça devienne un
    long OS, selon comment ça avance. On verra le moment venu.

    Bisous ♪


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  • Kisshu atterrit lourdement sur les fesses, sur le sol d'un des édifices en ruines de cette dimension verdâtre où s'étaient retrouvés des vestiges de la civilisation de ses ancêtres terriens. Il avait prévu de se téléporter dans l'infirmerie du vaisseau, et de préférence debout, mais la panique lui avait fait perdre ses repères et voilà que, du haut de ses 17 ans, dont 12 passés en maîtrisant parfaitement la téléportation, il se mettait à arriver n'importe où, n'importe comment, comme un vulgaire débutant.

    Cependant, son orgueil pourrait attendre. Il était toujours sonné par ce qui venait d'arriver, et son avant-bras droit lui faisait horriblement mal - d'ailleurs, la douleur semblait se propager de plus en plus vers son épaule. Il prit quelques grandes inspirations pour calmer son cœur, battant la chamade, toujours en alerte, toujours secoué par l'adrénaline qui s'écoulait dans ses veines à cause du danger et de la peur qu'il avait ressentis, puis se concentra sur l'infirmerie.

    ---

    Il détacha les bandes de cuir qui lui servaient de canon d'avant-bras, prêtant enfin attention à l'origine de sa douleur. Deux trous rouges, parfaitement ronds et aux bords nets, qui continuaient encore à saigner. Probablement en plein dans une veine. L'un vers son poignet, l'autre quatre ou cinq centimètres plus haut. Examinant un peu mieux la protection qu'il venait d'enlever, il remarqua que le même genre de trous l'avait perforée.

    - Ces trucs sont censés me protéger des coups d'épées, et elle a... mordu dedans ? Qu'est-ce que c'est que ce bordel ?!

    Les mots lui avaient échappé dans un murmure de surprise. Qu'est-ce qu'il s'était passé, au juste ? Pourquoi Ichigo s'était-elle soudainement mise à le mordre ? Pourquoi ses yeux avaient-ils pris cet air... sauvage, carrément inhumains, et cette couleur rouge ? Pourquoi n'avait-il pas pu en décrocher le regard ? Pourquoi avait-il été comme paralysé ? Pourq-

    - Aaaaouch !

    Le désinfectant lui piqua atrocement le bras, la sensation brûlante de l'alcool pur mordant profondément sa chair lui faisant réaliser la profondeur de ses blessures. « Depuis quand Ichigo a-t-elle d'aussi longues dents ?! »

    Des tâches blanches vinrent obstruer sa vision, le forçant à respirer très fort. La douleur n'était pourtant pas si forte que ça; pas assez pour lui faire faire un malaise...

    Pai lui dit quelque chose, fort, la voix agitée par... de l'angoisse, peut-être ? Kisshu ne savait pas quand il était entré, mais il savait qu'il l'avait secoué avant de lui mettre une baffe qui l'avait ramené complètement à lui, et qu'il lui avait rendue aussitôt.

    - Qu'est-ce que tu fous ?!

    - Je pourrais te poser la même question... Pourquoi t'es à moitié inconscient dans mon labo, crétin ?

    « Ah, ouais. C'est vrai, Pai considère l'infirmerie comme son laboratoire de scientifique fou... ». Il ne tiqua même pas à la petite insulte, y étant trop habitué désormais. Il allait rétorquer une de ses phrases cyniques bien à lui, quand il remarqua que l'attention de Pai était toute vouée à son avant-bras blessé.

    - Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

    ---

    Ichigo avait eu beaucoup de mal à expliquer les choses à ses parents. Surtout à sa mère. Son père n'avait en fait même pas cherché à comprendre, trop abasourdi et perdu. Ce genre d'histoires-là, ça n'était pas vraiment de son ressort; Sakura les gérait bien mieux que lui... s'y connaissait bien mieux que lui...

    Elle avait d'abord tenté de nier l'évidence, mais ça n'avait évidemment pas pris. Sa chambre empestait l'odeur du sang de Kisshu, après tout. Sa mère s'impatientant, elle n'avait eu d'autre choix que de lui dire ce qu'elle voulait entendre, ce avec quoi elle était sûre de l'apaiser et d'échapper à un interrogatoire trop poussé;

    - Ma... "personne destinée"...

    Elle n'avait pu s'empêcher de rougir très, très profondément, la couleur de ses joues se rapprochant beaucoup de celle de ses cheveux, tout en réprimant tant bien que mal une grimace de dégoût et une légère envie de vomir à l'idée de parler ainsi de Kisshu. Sa mère s'était figée pendant quelques secondes, puis avait presque littéralement eu des étoiles (ou peut-être des cœurs ?) dans les yeux, un immense sourire planté sur son visage désormais rayonnant.

    - Heiiiin ? Et il a escaladé ta fenêtre pour venir te voir en secret ??

    - Euh... Quelque chose comme ça...

    - Ooh, mon bébé devient une grande fille... La prochaine fois, appelle-nous, nous serions ravis de le rencontrer !

    Ichigo eut un frisson désagréable rien qu'à l'idée. Sa mère ne le remarqua pas, trop concentrée sur ses fantasmes bizarres et trop occupée à lui lancer un regard plein de curiosité et de sous-entendus.

    - Et donc, ... c'est un humain, ou...?

    « Évidemment, qu'elle allait te demander ça, idiote »

    - Hm... Pas tout à fait, haha...

    Si elle s'était trouvée dans un manga, sa mère aurait probablement eut un énorme saignement de nez, à ce moment précis.

    Elle et son père étaient ensuite descendus, elle toute joyeuse, lui se demandant toujours ce qu'il venait de se passer. Ichigo ne put retenir plus longtemps un immense soupir de lassitude, et se retourna dans son lit. Comment cela aurait-il pu être pire ? Non seulement quelqu'un savait, mais il fallait que ses parents le sachent, et que ce quelqu'un soit Kisshu...

    Une pensée un peu folle la frappa juste avant qu'elle ne trouve le sommeil.

    Justement parce que c'était Kisshu, et si... et s'il ne savait pas pour autant ?

    Elle pria de toutes ses forces pour que ce soit le cas. Puis repartit au pays des rêves, fatiguée par ces événements, même si sa fièvre avait déjà bien baissé.

    ---

    - Donc, non seulement tu n'as pas tué la rose comme c'était pourtant prévu, mais en plus elle t'a mordu le bras, et donc, tu t'es enfui ? Tu me prendrais pas pour un imbécile ? Depuis quand es-tu un poltron ?! Et puis les humains, ça ne mord pas comme ça, sans raison !

    - Dis ça à mon bras...

    Cela faisait déjà trois fois que Kisshu devait réexpliquer ce qu'il s'était passé, alors que lui-même n'avait pratiquement rien compris à tout ça. Pai avait raison. Les humains ne mordaient pas, et d'après les quelques spécimens qu'ils avaient récoltés pour les étudier, ils n'avaient pas de longues canines comme eux. Il était donc scientifiquement impossible que seules les canines d'Ichigo aient laissé une marque sur sa peau. Oh, et accessoirement, traversé ses gantelets et une bonne moitié de son avant-bras.

    - De toutes façons, j'ai cru comprendre à ton air maussade que Taruto et toi non plus n'avez pas tout-à-fait réussi votre partie du plan non plus, pas vrai ? Alors arrête de me faire des reproches !

    - On en avait deux à gérer chacun, toi tu n'en avais qu'une, et malade en plus de ça.

    - Oui, une malade surpuissante et qui s'est mise à me mordre sans raison !

    - C'est pas forcément sans raison...

    Taruto écoutait depuis déjà un moment sans rien dire, ayant été alerté par les cris des deux plus vieux.

    - Quoi ?

    - Je... Je ne suis pas un expert en truc d'humains, mais j'ai souvent été observer la mew mew blonde, pour m'amu- ... euh, pour découvrir ses faiblesses ! Et un soir, elle a regardé un film avec quelqu'un comme ça.

    - Attends, tu compares Ichigo à un personnage de film ? Est-ce que tu sais que rien de ce qui s'y passe n'est réel ?!

    - Depuis quand on appelle ces insectes par leurs prénoms, Kisshu ?

    - Dans ce film, il y avait un homme qui ressemblait à un humain, mais avait de très grandes canines et mordait des humains pour boire leur sang.

    Les deux plus vieux arrêtèrent de se chamailler, toute leur attention désormais portée sur le plus jeune, qui sembla soudainement intimidé, se faisant tout petit. Après un instant de réflexion, Pai sembla d'accord avec cette hypothèse.

    - Ca pourrait expliquer le fait que tu aies presque perdu connaissance... Tu fais peut-être une petite anémie.

    - Mais- ... Non, pourquoi elle aurait bu mon sang ? C'est complètement débile ! Vous êtes débiles !

    Sur ces mots, il se téléporta dans la pièce lui servant de chambre. Il n'y avait rien là, à part un matelas bien trop fin posé dans l'un des encastrements faisant office de lit du vaisseau, et une couverture elle aussi beaucoup trop fine, mais lui rappelant de bien trop bons souvenirs pour qu'il puisse vouloir en changer. La pièce en elle-même faisait globalement la taille d'un placard, et était tout juste assez haute pour que Pai s'y tienne debout. Elle n'était conçue que pour y dormir, en somme. Mais il s'en servait aussi pour être seul et tranquille.

    S'allongeant sur le matelas rigide et froid, par-dessus la couverture que sa mère avait passé des semaines à lui tricoter avant son départ pour la Terre, il regarda pensivement le bandage déjà légèrement ensanglanté dont Pai avait recouvert son avant-bras. Le tenir en l'air comme cela rendit la douleur qui avait gagné son épaule encore un peu plus forte, mais au point où il en était, il s'en fichait. Il avait l'impression que son bras tout entier était poignardé par des milliers de couteaux, encore et encore, jusque dans les os. Il avait presque envie de se l'arracher, estimant que ça ferait sans doute beaucoup moins mal, mais s'en retenait en se répétant encore et encore qu'un guerrier manchot serait vraiment très peu efficace, voire inutile. Que ça allait forcément finir par passer.

    ---

    Il se réveilla quelques heures plus tard, réalisant très rapidement deux choses: la douleur lui avait finalement fait perdre connaissance, et elle s'était propagée dans la moitié droite de sa cage thoracique. Ça allait le rendre fou. Quoi qu'Ichigo lui ait fait, il fallait qu'il aille la voir, il fallait qu'elle lui dise comment faire pour que ça s'arrête, coûte que coûte !

    Il se crispa, portant la main à sa poitrine et serrant son T-shirt aussi fort qu'il le pouvait, un cri de douleur voulant quitter ses lèvres sans y parvenir, lorsque la douleur atteint son cœur. Son dos s'arqua autant que sa souplesse le lui permettait - probablement même un peu plus, le haut de son corps ne reposant plus que sur ses épaules et ses reins, et ses yeux s'ouvrirent si grand que pendant un instant, il se demanda s'ils allaient sortir de leurs orbites. Il crut mourir. Pensa qu'il allait y rester. Puis, après quelques secondes, la douleur cessa. Complètement. Et un incroyable sentiment de bien-être, mêlé à quelques vertiges, l'envahit lorsqu'il put à nouveau respirer, haletant, se laissant retomber à bout de forces contre le matelas, qui n'était finalement pas si désagréable en comparaison de ce qu'il venait de ressentir.

    Il ne comprenait pas, et pour tout dire, arrivait même très difficilement à réfléchir, mentalement épuisé par cette douleur qui ne lui avait laissé aucun répits depuis... Il regarda l'espèce de réveil extraterrestre qui se trouvait au mur... Cinq heures. Cela faisait cinq heures qu'il souffrait le martyr, dont trois passées inconscient. Environ.

    Retourner voir Ichigo n'était plus ni urgent, ni tentant; il n'avait pas envie de risquer de revivre la même chose. Alors, aussi fou et stupide que cela puisse paraître, il décida de se pencher vers la seule sorte d'explication possible qu'il avait à ce moment-là: l'histoire invraisemblable de Taruto. Lui, Kisshu, allait s'abaisser à... regarder un film humain.

    • Rouge Fraise ~ Chapitre 1 ♪

    Voilà le premier chapiiitre !

    N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez :3

    (Oui, pour la toute première fois j'ai rien de spécial à dire sous un écrit... xD)


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  • Finalement, les films humains n'étaient pas si horribles qu'il l'aurait pensé. Il s'attendait à y voir des choses les reflétant; des choses stupides, en clair. Ce qu'il regardait n'avait pas été pondu par un scientifique aguerri, mais n'était pas si stupide que cela, et même plutôt divertissant, finalement. Surtout les passages sanglants, ou qui se voulaient probablement effrayants, qu'il trouvait particulièrement drôles. D'autant plus lorsqu'ils faisaient hurler Taruto qui, curieux, avait tenu à regarder avec lui.

    Cela faisait déjà cinq films qu'ils regardaient à la suite sur le sujet. Évidemment, il était toujours impossible qu'Ichigo soit ce genre de créature - un si petit et si fragile être humain ne pouvait l'être, et puis elle ne remplissait aucune des conditions récurrentes: elle adorait flemmarder au soleil, ne fuyait ni les oignons (ou était-ce l'ail ?), ni les croix, elle n'avait pas la peau spécialement claire - elle était même plus foncée que la sienne, et surtout, il l'avait déjà beaucoup observée et ne l'avait jamais vue chasser des humains les nuits de pleine lune pour boire leur sang.

    Malgré tout, ce sujet l'intriguait, et il trouvait ces créatures fictives plutôt intéressantes. Elles avaient été imaginées par des humains, ... et alors ? Ils ne pouvaient pas faire que de mauvaises choses, après tout !

    Une fois à court de films, il trouva sur internet des titres de livres parlant du même sujet. Il en dévora (façon de parler) une bonne partie, finissant même par faire une nuit blanche pour les continuer. Il avait fallu que Pai se lève, à la même heure que d'habitude, et, le découvrant toujours en train de lire dans la salle commune, qu'il décide de l'enguirlander, pour qu'il aille dormir un peu.

    Deux heures de sommeil plus tard, il était déjà en plein forme, et plus que disposé à aller ennuyer Ichigo. Cela faisait deux jours depuis l'incident, ses blessures avaient finalement cicatrisé, et il avait monstrueusement envie de la voir. Encore plus que d'habitude. Oui, c'était apparemment possible.

    Il se rendit près de chez elle, tentant de voir si ses parents étaient là. Son père travaillait, comme d'habitude, et il eut la chance d'arriver juste au moment où sa mère sortait pour aller... qui sait où elle allait. Ça n'avait aucune espèce d'importance. Elle s'en allait, et il ne risquerait pas de reproduire le scénario de la téléportation en catastrophe, qui avait plus ou moins blessé son ego même si, heureusement, personne ne l'avait vu se ridiculiser. Il se téléporta directement dans sa chambre, y entrant ainsi pour la deuxième fois de sa vie.

    Il était presque 9h, mais elle dormait toujours. Il s'approcha du lit, prêt à bondir en arrière au moindre geste de la jeune fille, et posa une main quelque peu hésitante sur son front, pour voir si elle était toujours malade. Elle semblait avoir encore un tout petit peu de fièvre, mais si peu qu'il n'en était même pas certain. Alors que deux jours plus tôt, elle devait être à deux doigts d'avoir une température corporelle plus que préoccupante... « La médecine humaine est décidément super efficace ! ». Il ne réalisa qu'ensuite que la bouteille de sirop rouge était toujours inentamée sur la table de chevet, mais n'eut pas le temps de se poser de questions à ce sujet, Ichigo se réveillant. Il retira rapidement sa main de son front et, par pure précaution (certainement pas par peur) recula d'un (grand) pas.

    - Hmm... Ki... sshu ?

    Elle s'assit dans son lit, frottant ses yeux ensommeillés, puis bâilla tout en s'étirant, levant les bras, faisant remonter son top au-dessus du nombril l'espace d'un instant, sans sembler le remarquer. Kisshu, lui, l'avait remarqué, mais était bien plus préoccupé par la taille de ses canines pour lui faire la moindre réflexion. Elles avaient une taille... ridiculement minuscule. Ridiculement humaine, en somme. Comment était-ce possible ?

    Une fois fini de s'étirer, elle lui lança un regard endormi, puis sembla seulement réaliser qu'il était là.

    - Ki-Kisshu ? Qu'est-ce que tu fais dans ma chambre ?!

    - Oh, rien de spécial, je voulais juste venir voir mon petit chat préféré~

    Il s'approcha à nouveau, prenant le bas de son visage dans sa main et la forçant à le regarder dans les yeux.

    - Après tout, la dernière fois que nous nous sommes vus, tu as failli me violer, tu te souviens ? ♪

    - Te... Quoi ? Qu-Qu'est-ce que tu racontes, idiot ?!

    Elle enleva la main de l'alien de son visage en lui donnant un coup dans le bras, puis sortit de l'autre côté de son lit, qu'il enjamba en flottant pour la rejoindre. Elle recula autant que possible jusqu'à se retrouver contre la porte de sa chambre, et il pris cette fois son menton entre son pouce et son index, approchant dangereusement son visage du sien.

    - Quoi, tu ne m'as pas plaqué au sol dans le but de me violer ? Pourtant, tu étais assise juste sur-

    - La ferme !

    Elle le poussa aussi fort qu'elle le pouvait, rouge jusqu'aux oreilles, et terriblement énervée.

    - C'était... J'étais... malade.

    - Oh, et quand tu es malade, tu sautes sur tout ce qui bouge ?

    Il ne put s'empêcher de laisser échapper son rire moqueur habituel, et resta à quelques pas d'elle, admirant son joli pyja-short rose clair, qui ne couvrait que peu de la surface de sa peau.

    - Enfin, plus important... Pourquoi m'avoir mordu, au juste ? Je veux dire, j'ai déjà fait bien pire que m'inquiéter pour toi, et tu n'as jamais été aussi agressive...

    Elle sembla prise au dépourvu. « Il ne sait vraiment pas, ou il essaie de se ficher de moi ? ». Elle tenta de trouver quelque chose à répondre, ouvrit la bouche, la referma, puis lorsqu'elle se décida à parler, ... tomba presque en avant, rattrapée de justesse par Kisshu.

    Sa mère venait d'ouvrir la porte, contre laquelle elle se tenait toujours, un sac de pains au chocolat à la main. Pas pour longtemps. Sous la surprise, elle le lâcha, restant bouche bée en voyant sa fille dans les bras d'une espèce de garçon à grandes oreilles pointues, qui n'avait pas grand-chose d'humain, et qui se trouvait vêtu presque aussi légèrement qu'elle. Ils la fixaient tout les deux, figés, et elle leur rendait leurs regards abasourdis et paniqués. Elle fut la première à retrouver sa voix.

    - Ichigo, ... qu'est-ce que...

    La jeune fille paniqua, et, par réflexe, les mots s'échappèrent de sa bouche.

    - C-C'est, ma... "personne destinée"...

    Ce fut au tour de l'alien de paniquer, ne comprenant absolument rien à la scène dont il se sentait simple spectateur, se demandant s'il ne rêvait pas, tant elle semblait irréelle.

    - Que... quoi ? Comment ça ?!

    Pour seule réponse, la mère d'Ichigo lui fit un énorme sourire chaleureux, qui lui fit finalement plus froid dans le dos que toutes les réactions négatives auxquelles il aurait pu s'attendre.

    ---

    Il avait voulu s'enfuir, se téléporter loin, très loin de là, mais Ichigo lui avait pris et pratiquement broyé la main, lui chuchotant discrètement « Hors de question que tu me laisses toute seule dans la merde dans laquelle tu m'as mise » tout en souriant radieusement à sa mère.

    Elle ne l'avait pas lâché depuis, et il sentait ses doigts commencer à s'engourdir sous la pression de la main de la jeune fille. Ils se trouvaient assis d'un côté de la table de la salle à manger, Sakura en face d'eux, toujours l'air ravi.

    - Alors, dites-moi, depuis combien de temps vous vous connaissez ?

    - Deux mois, environ...

    - Et comment vous vous êtes rencontrés ? On peut dire que tu n'as pas vraiment cherché un gars banal, pas vrai, Ichigo ? Moi qui m'attendais à ce que tu choisisses cet humain dont tu n'arrêtes pas de parler...

    - "Cet humain" ?

    Cette femme était non seulement en train de lui sourire, mais elle pensait qu'ils étaient en couple, et parlait des humains avec presque autant de mépris que lui... Qu'est-ce qu'il se passait, à la fin ?

    - Oh, ne t'en fais pas, tu n'as rien à craindre de lui à présent ! Après tout, tu es sa personne destinée, pas vrai ?

    Ichigo lui écrasa violemment le pied sous la table et il retint difficilement un cri de douleur, comprenant qu'il avait plutôt intérêt à paraître crédible. Il ne l'avait jamais vue aussi énervée, et ne voulait pas savoir de quoi elle serait capable s'il arrivait à gaffer et à l'énerver encore plus.

    - Euh... oui...?

    - En fait, je ne lui ai pas encore tout-à-fait expliqué en quoi ça consiste... Disons que, ... enfin...

    Sakura perdit son sourire pour un air étonné, voire inquiet.

    - Tu ne veux tout de même pas dire que tu ne lui as rien expliqué ?

    Ichigo hocha la tête, à contre cœur, n'ayant vraiment pas envie qu'il ait la moindre explication, mais n'ayant pas vraiment le choix non plus. Sa mère lança un regard compatissant à Kisshu.

    - Désolée, je pensais avoir éduqué ma fille un peu mieux que ça... Avant de faire ce genre de choses, elle aurait dû te préciser qu'elle est à demi vampire...

    • Rouge Fraise ~ Chapitre 2 ♪

    Wouhou ! Dans le prochain chapitre, quelques révélations !

    Et... en fait j'ai l'impression qu'ils sont relativement vides mébon,
    j'ai envie d'en poster assez régulièrement donc c'est pas très grave, si ? '^'

    Laissez-moi votre avis sur ce chapitre, évidemment ♪


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  • Malgré lui, ses yeux s'écarquillèrent. Taruto avait eu raison, alors ?!

    - Tu as dû avoir vraiment très mal, pas vrai...?

    - Hein ?

    Ichigo avait légèrement desserré sa prise sur la main de Kisshu sous la surprise, ne lui broyant plus les os mais la gardant fermement dans la sienne pour l'empêcher de se téléporter - ou en tous cas, pas en la laissant là. Sa mère soupira et porta une main à son front, avant de s'expliquer.

    - Ichigo, la première morsure est vraiment horrible pour la victime si elle n'est pas faite correctement. Je ne pensais vraiment pas avoir à parler de ce genre de choses avec toi aussi tôt, mais finalement, j'aurais peut-être dû...

    Elle fit une pause et prit une grande inspiration avant de reprendre, le sujet étant visiblement plutôt sensible.

    - Lors d'une première morsure, une sorte de poison se répand dans l'organisme de la victime. C'est une substance qui sert à augmenter sa production de sang, pour lui éviter de mourir et ainsi pouvoir la garder comme garde-manger plus longtemps, et qui agit comme une sorte de drogue, pour qu'elle ne puisse pas échapper très longtemps au vampire l'ayant mordue.

    Ichigo comme Kisshu eurent une mine plutôt dégoûtée à cette idée.

    - Cependant, le temps qu'il se répande du cou jusqu'au cœur et ne soit distribué dans tout l'organisme, ce poison est vraiment très douloureux pour la victime, si on ne se sert pas de nos pouvoirs pour calmer sa douleur. Chose que tu n'as pas faite, puisque ce pauvre garçon était parti avant même qu'on n'arrive à l'étage...

    - "Du cou" ? Mais elle m'a mordu l'avant-bras...

    Il leva son bras gauche où se trouvaient toujours les deux cicatrices rosées, et Sakura sembla encore plus dépitée.

    - Oh... Tu as dû souffrir un bon moment, alors. Les veines du cou sont plus proches du cœur et plus spacieuses, le poison y circule plus vite et sans trop de peine. Celles du bras... elles sont minuscules. Encore désolée pour toi...

    - Oui, enfin, ça ne peut pas faire si mal que ça, ... pas vrai ?

    Ichigo avait posé la question plus en espérant se rassurer elle-même que pour en connaître la réponse. Kisshu serra inconsciemment sa main en se rappelant de la douleur en question, et ni son regard, ni ses mâchoires serrées ne laissèrent place au doute: c'était encore pire que ce qu'elle pourrait imaginer.

    - Euh, d... désolée... Mais, c'était de ta faute, aussi ! Je t'avais dit de partir...

    Il eut l'air agacé.

    - Tu me dis toujours de partir, chaton.

    - C'est vrai, mais-

    - Pourquoi ?

    La question de sa mère la prit de court, lui rappelant soudainement le mensonge qu'elle avait inventé, et le fait que ce qu'ils disaient actuellement n'y collait pas spécialement bien.

    - Oh, euh, c'est parce qu-

    - Parce qu'elle ne m'aime pas. J'ignore ce que c'est, cette histoire de "personne destinée", mais il s'est juste trouvé que je voulais la voir, que je me suis inquiété pour elle à cause de sa fièvre, et qu'elle m'a soudainement mordu. Rien de plus. Maintenant, lâche-moi, Ichigo.

    Peut-être à cause du ton las et monocorde qu'il avait utilisé, peut-être parce qu'il l'avait appelée par son prénom et pas par un de ses surnoms stupides, peut-être à cause de la façon dont l'ordre avait résonné dans la pièce, elle s'exécuta. Il ne perdit pas de temps et se téléportai loin, très loin de là. Laissant Ichigo face à sa mère, désormais très énervée.

    ---

    Elle fut privée de sortie une semaine pour le premier mensonge, et une autre pour le deuxième. Le tout à partir du moment où le médecin lui avait autorisé les sorties, évidemment. Deux semaines supplémentaires sans voir Masaya, à part en le croisant rapidement dans les couloirs du collège... C'était trop injuste !

    Tout ça à cause de Kisshu, encore une fois. Elle aurait pu parier que s'il avait été au courant de ce détail, il ne se serait pas enfui aussi rapidement, serait resté pour la narguer en lui disant que c'était bien fait, ou que de toutes façons "il était bien mieux que Roméo", ou quelque chose comme ça.

    Pourquoi fallait-il qu'il lui mette toujours des bâtons dans les roues quand il s'agissait de Masaya ? Le pire étant que désormais, il y arrivait même sans le faire exprès ! Et pourquoi avait-il fallu que sa mère lui parle de tout ça alors qu'il n'avait pas compris et que c'était très bien ainsi ?

    - Parce que tu as été assez stupide pour lui mentir et qu'elle a cru qu'il avait tout-à-fait le droit de savoir...

    Dire qu'il était sa "personne destinée" était vraiment stupide. Finalement, elle aurait encore préféré tout déballer sur les mew mew deux jours plus tôt et éviter tout ça. Mais c'était trop tard, de toutes façons... Sa punition incluant son travail au café, elle appela Shirogane pour lui apprendre ce qui aurait habituellement pu sonner comme une bonne nouvelle pour elle.

    - Tu es QUOI ?!

    Elle avait heureusement décollé son oreille de son portable juste à temps, s'attendant à une réponse aussi assourdissante de sa part.

    - Samedi et dimanche, tu ne te sentais pas bien, lundi tu m'as dit que tu ne pouvais pas sortir de chez toi pendant une semaine à cause de la grippe, et maintenant, deux semaines de plus parce que tu es punie ? Tu te fous de moi ? Est-ce que tu sais à quoi sert ce café, à part à te permettre de te payer des sorties sans intérêt avec ton copain sans intérêt ?!

    - Oui, je sais que c'est pour être toutes au courant des attaques des aliens dès que vous les détectez, et arriver sur place en tant qu'équipe pour éviter un incident comme celui d'avant-hier...

    Il l'avait appelée pour l'incendier le soir-même, lui disant que ses amies avaient presque été tuées parce qu'ils avaient réussi à les diviser, et ce parce qu'elles avaient toute réclamé un jour de congé en appuyant sur le fait qu'Ichigo ne travaillait pas depuis deux jours, et qu'elles avaient droit à une pause aussi. « Comme si c'était de ma faute... ».

    Quoi qu'elle en pense, Ryou semblait considérait que ça l'était. D'autant plus qu'elle n'avait pas osé lui parler du fait que Kisshu s'était introduit chez elle, et encore moins de... l'indicent. Aux yeux de son patron, elle avait donc été la seule à ne rien risquer. Ce devait être la raison pour laquelle il avait plus ou moins passé ses nerfs sur elle.

    Elle savait bien qu'il n'était pas si méchant que ça, et qu'il s'inquiétait juste excessivement pour elles cinq, mais le fait qu'il se décharge de son inquiétude en l'engueulant ne lui avait jamais plu et ne lui plairait jamais. Après un petit moment de silence, il soupira.

    - Et donc, qu'est-ce que tu as fait, cette fois ?

    - Ne dis pas ça comme si ça arrivait ultra souvent !

    - C'est quelque chose que je peux réparer en faisant des courbettes devant ta mère ?

    L'idée lui parut assez drôle. Sa mère, toute énervée qu'elle était, regardant Shirogane s'agenouiller, et sortant le fouet.

    Elle stoppa cette pensée à cet endroit précis, ne voulant pas risquer de s'imaginer un délire SM entre sa mère et le blond.

    - Qu'est-ce qui te fait rire ?

    Elle ne remarqua qu'en entendant cette question qu'elle s'était mise à rire.

    - Oh, euh... rien ! Je ne pense pas que toutes les courbettes du monde puissent la faire changer d'avis, à vrai dire...

    - Quoi, tu as fait un truc si grave que ça ?

    - ... Plutôt, oui...

    - Me dis pas que t'es enceinte ?

    Elle se figea quelques secondes, rougissant jusqu'aux oreilles, avant d'exploser.

    - Heiiiin ? D'où ça sort, ça ?!

    - J'en sais rien, j'essayais juste d'imaginer pourquoi ta mère serait énervée à ce point. Elle est toujours plutôt gentille et compréhensive, même quand les aliens te font rentrer super tard, non ? Donc j'ai pensé qu'il n'y aurait qu'un truc comme ça pour qu'elle soit aussi fâchée...

    - Je... J'ai cassé un cadeau de mariage auquel elle tenait beaucoup ! Voilà, content ?

    - Cassé ? Et comment tu t'y es prise, depuis ton lit ? D'ailleurs, pour quelqu'un qui a la grippe et 40 de fièvre, tu me sembles plutôt énergique, non ?

    « Ah. Effectivement. »

    - C-C'est juste que tu m'énerves tellement que ça surpasse le reste ! Et puis, puisque tu veux vraiment tout savoir, il y a deux jours, Kisshu est venu chez moi et j'ai cassé le vase en question en tentant de lui échapper tant bien que mal !

    Encore des mensonges. Heureusement que son nez ne s'allongeait pas à chaque fois qu'elle en prononçait un, sinon elle ne pourrait bientôt plus espérer embrasser Masaya sans risquer de le lui planter dans l’œil... Le blond n'envisagea même pas la possibilité qu'elle mente, d'un coup très préoccupé.

    - Quoi ? Pourquoi tu n'en as pas parlé quand je t'ai appelée ? Tu vas bien, il ne t'a pas fait de mal ?

    - Tu ne m'as pas vraiment laissé en placer une la dernière fois, je te signale... Et ça va, j'ai réussi à lui botter les fesses avant qu'il ne puisse faire quoi que ce soit.

    - Lui b-... Mais, tu ne t'es pas transformée, ce jour-là ?

    - Il... Il y a plus d'une façon de mettre un homme à terre, même sans oreilles de chat, tu sais ! Bref, ma mère va finir par décider de me confisquer mon portable, donc je te laisse !

    - Att-

    ---

    - Sérieusement ? Elle m'a raccroché au nez !

    Il lança un regard aussi furieux qu'incrédule à Keiichiro, qui lui sourit gentiment.

    - C'est ce que tu gagnes à l'énerver et à la questionner alors qu'elle est malade...

    - ... Désolé, je te laisse gérer le café, je sors.

    - Tu ne vas quand même pas-

    - Aller chez elle et vérifier qu'elle n'a rien ? Bien sûr que non ! Je vais surtout vérifier si elle est aussi malade qu'elle le prétend. Pas parce que ça m'inquiète, hein ! C'est juste pour être sûr qu'elle ne sèche pas le boulot !

    Il rougissait très, très légèrement, mais c'était assez rare pour que le brun le remarque immédiatement. Il ne put s'empêcher de rire, doucement. Pas assez pour échapper à un regard furieux du blond.

    - Oui, oui... évidemment.

    • Rouge Fraise ~ Chapitre 3 ♪

    Voilà, j'avais bien dit qu'il y aurait des révélations: Ryou Shirogane est un tsundere !

    Ah pardon, c'était pas ça l'élément important de ce chapitre...? Ah... '^'

    J'attends impatiemment vos avis, comme toujours ♥


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  • Sakura soupira une nouvelle fois, arrêtant de frotter sa table de cuisine. Elle avait peut-être, juste peut-être, réagi de façon un peu exagérée. Bon, d'accord, peut-être très exagérée. Ce drôle de garçon aux oreilles pointues et à la peau plus pâle que celle de la plupart des vampires qu'elle connaissait, s'était... quoi, d'ailleurs ? Évaporé ? Téléporté, peut-être ? Il aurait aussi bien pu devenir bleu et se mettre à voler que ça ne l'aurait pas surprise davantage; elle avait déjà vu beaucoup de créatures très différentes durant sa longue vie de vampire, mais jamais rien lui ressemblant, même un peu. Elle avait déjà vu des téléportations aussi, mais jamais rien de ce genre. La plupart des vampires maîtrisant la téléportation étaient en fait plutôt capables de se déplacer trop vite pour être vus, et/ou d'arrêter le temps autour d'eux pour passer incognito d'un endroit à un autre... Lui avait semblé... déformer l'espace-temps, ni plus ni moins. C'était la chose qui l'avait vraiment étonnée dans cette histoire.

    Ça, et le fait qu'Ichigo lui ait menti.

    Elle soupira à nouveau. Elle pensait vraiment être une bonne mère et l'avoir élevée correctement, comme la mère qu'elle aurait elle-même voulu avoir. Et pourtant, sa fille ne s'était pas sentie assez en confiance pour lui dire qu'une espèce de lutin aux cheveux verts la harcelait - parce qu'il s'agissait de harcèlement, non ? S'il venait l'ennuyer jusque dans sa chambre, alors qu'elle lui disait "toujours" (selon les propres dires du jeune homme) de s'en aller, ça ne pouvait être que ça... Au-delà du mensonge, qui l'avait déçue à plusieurs niveaux (non seulement parce que sa fille lui avait menti, tout simplement, mais aussi parce qu'elle n'aurait finalement pas de gendre tout de suite), elle avait ressenti une sorte de... de honte. Elle avait été vexée de n'avoir pas remarqué qu'Ichigo allait mal.

    Parce qu'il était clair qu'elle allait mal. Sentimentalement parlant. Elle l'avait envoyée dans sa chambre après avoir prononcé la sentence (privée de sortie deux semaines, job inclus), et la jeune fille s'était mise à pleurer, mâchoires serrées et sourcils froncés, et lui avait lancé un « Je te déteste ! » avant de s'enfuir à l'étage et de claquer violemment la porte de sa chambre. Était-ce trop dur, comme punition...?

    Peut-être devrait-elle au moins lui permettre d'aller travailler... Avec sa semaine de maladie, ça lui ferait trois semaines consécutives sans s'y présenter. Elle risquait clairement d'être renvoyée, non ? Après tout, des étudiants cherchant du travail après les cours, il y en avait un bon paquet, ça n'était pas le choix qui manquerait pour son employeur. Il ne pouvait pas la mettre à la porte pour avoir été malade et sous certificat médical, mais être punie, c'était sans doute une autre histoire...

    La sonnette retentit, la tirant de ses pensées. Elle jeta négligemment son éponge dans l'évier de vaisselle vide, déposa son tablier sur une des chaises de la cuisine et baissa légèrement le niveau de la plaque à induction avant d'aller ouvrir. Un jeune homme blond, probablement entre l'adolescence et l'âge adulte, se tenait juste devant elle avec un sourire presque aveuglant tant il était radieux.

    - Bonjour, j'imagine que vous êtes la mère d'Ichigo ?

    - Euh... Oui, effectivement. Et, à qui ai-je l'honneur ?

    - Je m'appelle Ryou Shirogane, je suis le patron du café où votre fille travaille.

    Oh. Superbe. « Quand on parle du loup... »

    - À vrai dire, elle vient de m'appeler pour me parler de sa... punition. Et elle n'avait pas l'air d'aller très bien, donc je me suis dit que j'allais passer lui rendre visite.

    La mère d'Ichigo ne bougea pas d'un centimètre, lui interdisant toujours l'accès à l'intérieur de la maison, sceptique.

    - N'est-ce pas normal de ne pas aller bien, lorsqu'on est malade ?

    - Ah, non... Elle semblait plutôt bien remise, à vrai dire. C'est plutôt pour son moral que je suis inquiet.

    Elle se surprit à se décaler de la porte, l'invitant silencieusement à entrer. « Justement ce qui me préoccupait, bien évidemment... ». Elle se demanda, juste un instant, s'il était capable de lire ses pensées ou juste bon manipulateur, avant d'oublier la première option qui était grotesque. Elle l'avait invité à s'asseoir dans l'un des canapés du salon, prenant place dans l'autre, lui faisant partiellement face, bras croisés, toujours plus ou moins sur la défensive. Quelque chose dans le comportement du blond inspirait trop confiance pour qu'elle puisse lui faire confiance.

    - Êtes-vous le genre d'employeur à s'inquiéter suffisamment pour rendre visite à n'importe quel employé déprimé par une punition méritée, ou ma fille est-elle une exception ?

    Il rit doucement, comme si elle venait de faire une blague.

    - À dire vrai, je n'avais encore jamais eu ce genre de cas. Le café n'est pas ouvert depuis très longtemps; Ichigo était l'une des premières employées embauchées, donc je ne saurais répondre à votre question. Mais si elle impliquait une sous-question de type "Profitez-vous de votre statut de patron pour entretenir une relation inconvenante avec elle", la réponse est non.

    Cela sembla lui suffire, pour le moment en tous cas, et elle se détendit, s'autorisant même un petit sourire.

    - Je vais vous faire une tasse de thé.

    - Oh, c'est gentil mais ce n'est pas la peine de vous déranger ! Si vous le permettez, je voudrais simplement discuter un peu avec Ichigo, puis je devrai repartir. J'ai laissé la charge du café à mon chef cuisinier, mais malgré tout son talent, je pense qu'il risque d'avoir du mal à tenir le rythme en cuisine et en salle... Disons que, certaines de nos employées sont loin d'être de tout repos.

    Il grimaça sans s'en rendre compte à la pensée de Retasu cassant l'intégralité de la vaisselle chaque semaine et de Pudding mettant le feu aux cheveux d'une cliente lors de son "numéro" encore pas plus tard que la veille. Et le fait que Zakuro soit froide comme la glace, au point que les clients fassent tout leur possible pour ne pas être servis par elle, et que Minto ne fasse que boire son thé à longueur de journée, laissant aux deux autres tout le travail, n'arrangeait pas les choses. Quand Ichigo n'était pas là, le café était encore plus agité qu'une bataille féroce contre les aliens...

    Son expression dépitée et le fait qu'il se soit perdu dans ses pensées fit rire Sakura, ce qui le tira de sa rêverie. Si on pouvait appeler ça une "rêve"rie.

    - Sa chambre est à l'étage, son nom est écrit dessus. Montez, je vous apporterai du thé là-haut. J'insiste.

    Il reprit son sourire charmant et poli, avant de se diriger vers les escaliers.

    - Très bien, dans ce cas, merci.

    ---

    Kisshu soupira. Pourquoi les choses avaient dû tourner comme ça ? Pourquoi cette femme lui avait souri gentiment alors qu'il était un putain d'alien et qu'elle aurait dû... « Je ne sais pas, moi. Hurler ? S'évanouir ? S'enfuir ? Être un peu étonnée ?! ». Sa façon de parler des vampires, de s'inclure indéniablement dans ses explications, lui avait donné un élément de réponse; elle était clairement un vampire, comme... comme Ichigo. Enfin, Ichigo était un "demi" vampire, mais ça importait peu.

    Néanmoins, vampire ou pas, Ichigo, elle, avait été très perturbée quand elle l'avait vu pour la première fois. « Bon, ça avait peut-être quelque chose à voir avec ma... "façon se la saluer". Mais quand même... ». Quand même, pourquoi sa mère n'avait-elle même pas bronché, même pas demandé ce qu'il était, ou ce qu'il faisait là ? Pourquoi avait-elle été toute douce à l'instant où Ichigo avait parlé de "personne destinée" ?

    Et d'ailleurs, qu'est-ce que c'était que cette histoire de personne destinée ? Comme si le destin ou ce genre de choses stupides existaient. Enfin, ça ressemblait bien à la jeune fille, de croire au destin. Elle avait bien peur des fantômes, après tout.

    Il soupira à nouveau. Avec tout ça, il savait pourquoi il avait eu si mal (parce qu'Ichigo était une ignare au sujet des morsures), mais ne savait toujours pas pourquoi elle l'avait mordu. Pourquoi lui ? Pourquoi à ce moment-là ? Il avait évidemment pensé à son égratignure, qu'elle avait finalement peut-être sentie avec son nez et non pas avec sa joue comme il l'avait pensé à ce moment-là, mais il avait déjà saigné plusieurs fois devant elle, même très près d'elle, et elle ne s'était pas jetée sur lui pour le plaquer au sol et...

    Et quoi, d'ailleurs ? Elle n'avait très clairement pas tenté de le violer, même si ç'avait été amusant de la taquiner avec ça. Peut-être avait-elle voulu le mordre à nouveau ? Et pourquoi s'était-elle arrêtée ? Pourquoi avait-elle eu l'air aussi tourmentée, comme en plein conflit intérieur, juste avant qu'il ne disparaisse de là ?

    Sa nuit blanche finit par le rattraper, et il décida de s'allonger dans la pelouse du coin reculé du parc où il se trouvait, pour faire une petite sieste au soleil.

    ---

    Ichigo s'était étalée sur son lit, le visage enfoncé dans son oreiller. Il faudrait qu'elle change ses draps, un peu plus tard; ça faisait déjà quelques jours qu'elle dormait dedans en étant malade, ils n'étaient certainement plus très frais. « Plus tard... ».

    Elle avait encore menti. Elle n'aimait vraiment pas ça. En plus, Shirogane était loin d'être un crétin, tandis qu'elle était une piètre menteuse; elle avait eu énormément de chance qu'il avale ses bobards aussi facilement, pour cette fois. Mais elle ne pouvait pas continuer comme ça, continuer à inventer des mensonges pour se tirer de ses mensonges précédents. Ça ne fonctionnerait pas, pas toujours, et de toutes façons, ça ne lui ressemblait pas. Elle se sentait déjà très mal de devoir mentir quotidiennement à Masaya et à ses parents pour qu'ils ne découvrent pas qu'elle était une mew mew, mais si elle se mettait à mentir pour un oui et pour un non à tout le monde, ...

    Elle se retourna sur le dos et soupira.

    Qu'est-ce qui lui avait pris, de dire que Kisshu était sa personne destinée ? Bon, ça... n'était pas tout-à-fait faux. Après tout, il avait volé son premier baiser, et les lois des vampires étaient claires à ce sujet: la première personne qu'un vampire embrassait, accident ou non, vol ou non, devenait la personne lui étant destinée. La personne que le vampire devrait épouser tôt ou tard. Ok, "vol" n'était pas précisé tel quel dans les lois en question, mais c'était inclus.

    Heureusement, elle avait la chance de n'être qu'à moitié vampire, et d'avoir une mère très fleur bleue qui ne la forcerait pas à respecter ce genre de lois si elle n'en avait pas envie. Elle avait le droit de vivre comme une simple humaine, de toutes façons. Il faudrait qu'elle décide clairement à sa majorité (c'est-à-dire à 21 ans, chez les vampires) si elle choisissait de vivre dans la société humaine ou vampirique, mais cela lui laissait six longues années.

    Kisshu restait néanmoins, officiellement, sa personne destinée. Elle avait juste menti en prétendant que cela lui faisait plaisir. Et Kisshu avait fait passer ça pour un mensonge total, parce qu'il ignorait ce que cela signifiait (il avait apparemment pris ça pour une relation de couple...). Alors que si elle le lui avait demandé gentiment, il aurait sûrement été enclin à jouer le jeu, pas vrai ? Pourquoi elle ne se servait pas de son charme quand il le fallait, hein ? Bon, non pas qu'elle pense avoir le moindre charme, mais... l'alien semblait penser tout autrement.

    Elle soupira à nouveau. Pourquoi avait-il fallu qu'elle le morde ? Pourquoi avait-il fallu qu'elle apprenne de cette façon que ça l'avait fait terriblement souffrir ? Pourquoi fallait-elle qu'elle le sache, tout court ? Maintenant, elle se sentait mal pour lui, alors que tout était de sa faute. Il n'avait rien à faire dans sa chambre, dès le départ. Il y était resté, et il l'avait payé. « Et ça n'était pas de ma faute. »

    Elle jeta un regard distrait à la bouteille de liquide rouge sur sa table de chevet. Pourquoi fallait-il que sa mère appelle le médecin vampire, et pourquoi fallait-il que, ô surprise, il lui dise de prendre du sang pour guérir ? Pourquoi ne pouvait-elle pas simplement avoir un sirop blanc, dégueulasse et pâteux, comme tout le monde ? Évidemment, qu'elle avait refusé d'en avaler la moindre goutte. C'était tout simplement répugnant !

    Enfin, la partie vampire qui se trouvait en elle n'avait pas eu l'air d'être du même avis, deux jours plus tôt. Combien de gorgées en avait-elle avalé, au juste ? Quatre, au moins ? Cette pensée la fit frissonner. Elle s'était sentie tellement... Tellement impuissante. Tellement puissante, mais tellement impuissante. Son corps ne lui avait pas du tout obéi, comme si quelqu'un d'autre en avait pris possession. Elle avait dû faire un effort monumental pour s'arrêter avant de le mordre une seconde fois, pour lui permettre de s'en aller, pour être sûre de ne pas le tuer.

    Oui, dans l'absolu, ils étaient ennemis, et elle aurait été bien plus tranquille si elle l'avait tué, mais... Ça lui avait fait très peur, et elle avait très rapidement réalisé que même s'il l'énervait, même si elle le détestait, même si elle aurait été bien mieux sans lui dans sa vie, elle ne voulait pas qu'il meure. Ni lui, ni les deux autres.

    Ni personne, d'ailleurs.

    Et encore moins à cause d'elle. C'était quelque chose qu'elle n'aurait tout simplement pas pu supporter, elle le sentait tout au fond d'elle. Elle n'aurait pas pu vivre avec ça sur la conscience, même s'il s'agissait d'aliens prêts à tuer tout ce qui se trouvait sur cette planète.

    Elle essuyait une larme qu'elle n'avait pas sentie arriver, quand on toqua à sa porte.

    - Ichigo, c'est Ryou.

    « Quoi ?! ». Elle paniqua. Elle était censée être super malade, non ? Sauf qu'avec tout le sang qu'elle avait volé à Kisshu, ça revenait quasiment à avoir vidé cette foutue bouteille d'un seul coup, et elle s'était sentie bien mieux presque aussitôt. Elle s'était même autorisé un pyjama peu couvrant, pour mieux résister à la chaleur du début de l'été... Qu'est-ce qu'il allait penser ? Allait-il la prendre pour une menteuse ? Il toqua une seconde fois.

    - Ichigo ? Tu es réveillée ?

    - Euh, ou... oui ! Je, j'arrive, je viens t'ouvrir !

    - Hein ? Non, reste alitée, je-

    Il commença à actionner la poignée et, ses instincts félins prenant le dessus, elle franchit la distance séparant son lit de la porte d'un seul bond, tournant la clé aussi silencieusement et aussi rapidement que possible. La porte ne s'ouvrit pas, à son grand soulagement. Mais elle n'avait pas le temps d'être soulagée.

    - Tu t'es enfermée à clé alors que tu es malade ? T'es pas un peu folle, dis ?!

    - Je... J'arrive, attends juste une seconde !

    Elle se dirigea vers sa commode, voulant changer de pyjama, en mettre un plus chaud, un qui fasse davantage "malade". Elle trébucha sur son sac de cours, qu'elle avait comme d'habitude laissé traîner au milieu de la pièce, et tomba face la première sur le parquet. Elle entendit Ryou appeler nerveusement son prénom, avant qu'il ne décide de mettre un coup de pied dans la porte, défonçant complètement le verrou.

    Entrant dans la pièce en trombe, se demandant ce qu'il lui était arrivé - elle s'était peut-être évanouie en tentant de venir lui ouvrir, était peut-être mal tombée, avait peut-être une commotion cérébrale !, et fut pour le moins surpris (doux euphémisme que voilà) de voir Ichigo face contre terre, fesses en l'air, et évidemment dirigées vers lui. Sous cet angle, son top large laissait presque entrevoir ses-

    Il détourna les yeux aussitôt, son regard se posant sur le lit... Le rouge sur ses joues s'aggrava, et il décida de plutôt fixer la fenêtre.

    - Ça... Ça va ? T'es encore consciente, ou tu t'es évanouie ?

    - Non, ça va... J'ai juste... trébuché.

    Elle s'assit péniblement par terre, toujours un peu sonnée.

    - T'étais censée m'ouvrir, non ? Qu'est-ce que tu fais plantée au milieu de la pièce ?

    - Euh, je... J'étais à mon bureau, quand tu as toqué !

    - Oh, ... donc tu étais à ton bureau, et tu es tombée comme si tu avais trébuché en allant vers ton bureau ?

    Voilà. Elle savait bien qu'elle ne pouvait pas lui mentir. Il était trop malin. Et c'était vraiment agaçant, d'ailleurs, surtout actuellement. Il la regarda, puis soupira, son air furieux habituel planté sur son visage.

    - Tu fais tout pour m'inquiéter, pas vrai ? Et puis c'est quoi cette tenue ? T'es censée être malade, non ?

    Il s'approcha, s'accroupit devant elle et posa son front contre le sien, la faisant sérieusement rougir.

    - T'as même pas de fièvre...

    Il ne s'écarta cependant pas d'un millimètre, pour une raison que même lui ignorait. Une raison qu'il voulait ignorer.

    - Je... Je vais un peu mieux, mais le docteur a dit que je devais rester chez moi, juste au cas où, alors...

    Elle était vraiment gênée, non seulement par leur position, leur proximité, mais aussi par une sorte de contrariété qui avait quitté son visage en entendant qu'elle allait mieux. « Il s'inquiétait pour moi...? ».

    - Tiens donc, je pensais pourtant que vous n'entreteniez pas de relation "inconvenante" avec ma fille ?

    La voix de Sakura le fit reculer très, trop rapidement, lui donnant très certainement l'air encore plus coupable, mais il n'y songea que trop tard. Elle eut un petit sourire en coin, pas spécialement gentil, faisant penser à ceux de Kisshu.

    - Alors quoi, Ichigo ? Lui aussi, c'est ta "personne destinée", c'est ça ?

    Le mensonge lui était vraiment resté en travers de la gorge, malgré tous ses efforts pour se dire que ça n'était pas si grave. Ichigo devint à nouveau toute rouge, et... Ryou tout blanc.

    - Que... Quoi ?

    - Oh, rien, c'est juste une petite boutade entre mère et fille.

    Son air faussement joyeux dissimulait assez mal sa colère, son ton piquant ne laissant pas place au doute. Elle était furieuse.

    - Je vous laisse le plateau, et gare à votre peau si vous l'approchez de trop près.

    Joignant le geste à la parole, elle passa à côté d'eux, alla déposer le plateau sur le bureau, puis sortit en lançant au blond un dernier regard meurtrier. Aucun des deux adolescents n'osa bouger, à peine respirer, jusqu'à ce qu'ils n'entendent plus le grincement des marches d'escalier, qu'elle avait fini de descendre. Ils relâchèrent au même moment leur souffle, réalisant par là même qu'ils l'avaient retenu.

    - Je... l'imaginais beaucoup plus douce.

    - Elle l'est, d'habitude, mais... tu sais, le cadeau de mariage, tout ça...

    Encore dans ses mensonges. Comme si elle avait vraiment le choix.

    • Rouge Fraise ~ Chapitre 4 ♪

    Voili voulou le chapitre 4, un peu plus long (et moins vide) que les précédents !

    On comprend un peu plus ce qu'il s'est passé dans le prologue, hein ? :p

    N'oubliez pas de me dire ce que vous en pensez ♥


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