- Ca va, Ichigo...?

Elle releva la tête pour voir qui lui parlait. Elle avait pleuré pendant une bonne heure, puis était juste restée là, à regarder le sol sans parvenir à penser à quoi que ce soit d'autre qu'au fait qu'elle avait de plus en plus sommeil. Vidée de toutes ses forces, le regard vitreux, elle parvint à reconnaitre la personne qui lui tendait la main pour l'aider à se relever.

- Kisshu..., dit-elle faiblement.
- Allez, debout, fit-il en attrapant délicatement sa main et en l'encourageant à se lever. Tu ne comptes pas passer ta nuit là, rassure-moi ?
- Ryo m'a mise dehors, alors... où voudrais-tu que j'aille ?, demanda-t-elle, les larmes lui montant à nouveau aux yeux.
- Viens avec moi, répondit-il avec le sourire et le regard les plus doux qui puissent exister.

Elle avait l'habitude d'entendre cette phrase de la bouche de Kisshu. Pas de ce Kisshu, cela dit. En temps normal, ces mots l'énervaient et elle se mettait immédiatement sur la défensive, refusant catégoriquement l'invitation. Cette fois, peut-être parce que ce Kisshu était différent, peut-être parce que l'invitation en question n'avait pas la même signification, ou peut-être à cause de son cruel manque de sommeil, elle se contenta de hocher la tête.

Elle ouvrit doucement les yeux et mit un certain temps à comprendre où elle se trouvait. La pièce était sombre, mais ses yeux félins parvenaient tout de même à situer les objets qui s'y trouvaient. Elle était allongée dans un grand lit aux draps tous doux, et l'odeur de Kisshu flottait dans toute la pièce... S'essayant dans le lit, elle put constater que ce dernier dormait lui aussi, sur un matelas d'une personne qu'il avait déposé par terre, à quelques pas d'elle. En le voyant, elle se rappela; il l'avait prise dans ses bras, remarquant qu'elle était à l'évidence presque incapable de faire un pas, et avait marché... pendant un très long moment. Elle avait fini par être bercée par ses pas, alors qu'il lui parlait de l'endroit où il l'emmenait... La maison de ses parents, si elle se rappelait bien. Il lui avait aussi dit qu'il n'aimait pas trop y aller, parce qu'elle lui rappelait leur accident et qu'il s'y sentait mal à l'aise. Elle avait eu envie de lui répondre qu'il n'était pas obligé de l'y emmener s'il n'avait pas envie de s'y rendre, mais, à bout de forces, elle n'avait réussi qu'à s'endormir.

Elle se sentait déjà un peu plus en forme, mais il faisait toujours nuit noire dehors, alors elle se recoucha, prête à se rendormir.

- Hm... non... papa... pas... par là...

Elle jeta un nouveau coup d'oeil à Kissh u. Il semblait avoir un sommeil plutôt agité... probablement un des cauchemars fréquents dont il lui avait parlé. Il s'était tourné sur le dos et semblait avoir du mal à respirer. Son visage, d'habitude si joyeux, était crispé par la terreur qui agitait son esprit. Sans vraiment y réfléchir, elle sortit de son lit et se blottit contre lui, posant son front contre la tête du jeune homme et caressant doucement sa joue, du côté opposé, avec sa main. Elle sentit ses muscles se détendre peu à peu, et sa respiration redevint normale. Elle déposa un baiser sur sa joue, puis se rendormit contre lui, le sourire aux lèvres et les joues rosées.

Lorsqu'elle ouvrit à nouveau les yeux, la pièce était beaucoup plus claire. Le réveil digital posé sur la table de chevet indiquait 10h. Elle se retourna dans le lit, n'ayant pas envie de se lever, voulant profiter de la chaleur de ces draps si doux... Elle resta comme ça, à ne rien faire, pendant 5 bonnes minutes, avant de se dire que quelque chose n'allait pas. Elle s'était pourtant endormie avec Kisshu, alors pourquoi se retrouvait-elle à nouveau dans ce grand lit ? Elle se tourna à nouveau pour jeter un coup d'oeil à Kisshu. Il n'était plus là, et il n'y avait plus de matelas sur le sol...

Alors qu'elle se demandait si elle n'avait pas juste rêvé, la porte de la chambre s'ouvrit doucement, silencieusement. Kisshu entra doucement dans la pièce puis, voyant qu'elle était réveillée, abandonna ses efforts pour ne pas faire de bruit.

- Bonjour, belle au bois dormant, dit-il avec son sourire habituel.
- Bonjour, répondit Ichigo, toujours un peu endormie.
- Alors, raconte-moi. Qu'est-ce que tu as bien pu faire pour que Ryo décide soudainement de te mettre à la porte ?

Ichigo le regarda pendant un moment, réfléchissant du mieux qu'elle pouvait. Qu'avait-elle fait, au juste ? Elle était venue lui parler de son inquiétude vis-à-vis de son petit ami, lui avait confié qu'elle était une mew mew, l'avait laissé caresser ses oreilles, puis Masaya avait évoqué le fait qu'il l'avait vue dans le parc avec Kisshu, quand elle avait cru à tort (ou peut-être pas ?) qu'il voulait l'embrasser… et l'une de ces choses avaient rendu le blondinet furieux.

Elle avait beau y penser encore et encore, il n'y avait absolument aucune raison pour que l'une de ces choses l'aient énervé, à part peut-être le comportement irrespectueux de Masaya – mais elle n'en était pas responsable. Kisshu finit par soupirer.

- Si tu ne veux pas me le dire, tu peux simplement me dire que tu ne veux pas me le dire, tu sais...
- Non, ce n'est pas ça !, s'empressa-t-elle de répliquer. Je ne sais juste vraiment pas pourquoi il s'est énervé contre moi...
- Ah bon ? Tu n'as rien dit ou fait qui aurait pu l'énerver, même sans le vouloir ?, demanda-t-il, un peu perplexe.
- Je... Je ne pense pas, non...

Kisshu réfléchit un moment, fixant la fenêtre qui donnait sur un ciel bleu dégagé, probablement pour se concentrer, avant de hausser les épaules.

- J'imagine qu'il ne me reste qu'à lui demander, alors. Une fois qu'on aura pris notre petit déjeuner, bien entendu, ajouta-t-il en souriant.
- Il y a toujours de quoi manger chez tes parents ?, demanda Ichigo, inquiète de l'état de péremption des éventuels aliments restant.
- Non, mais il y a une épicerie que je viens d'aller visiter au coin de la rue, répondit-il avec un clin d'oeil qui la fit rougir.

Il sortit de la pièce, suivi par Ichigo, et se rendit dans la cuisine où la table était déjà mise. La maison était nettement plus petite que celle de Ryo, mais elle était tout aussi charmante. Elle lui faisait beaucoup penser à sa propre maison, dans son monde à elle... Elle chassa cependant bien vite cette comparaison de son esprit en sentant les larmes lui monter. Déjà, ou plutôt seulement deux jours qu'elle se trouvait ici, et elle était déjà nostalgique de la maison de ses parents ? Qu'est-ce que ça serait quand elle prendrait son envol et aurait son propre chez-elle...

Heureusement pour elle, Kisshu était trop pris par sa propre tristesse pour l'avoir remarqué. Son sourire factice ne trompait pas Ichigo, et pourtant il n'en fallait pas beaucoup pour la tromper. Il n'aimait pas se trouver là et ça se voyait.

- Désolée...
- Hm ? Pour quoi ?
- Cette maison, ... ça te rappelle des souvenirs douloureux, pas vrai ?
- Oh, ça... Oui, c'est un peu vrai. Enfin, ce sont de bons souvenirs. Le problème, c'est plutôt que cet endroit me rappelle que c'est tout ce qu'il me reste: des souvenirs, répondit-il d'un air triste et mélancolique.
- Je vois... D'ailleurs, tu... Tu as fait un cauchemar, cette nuit, non ?
- Je ne m'en souviens pas... Par contre, je me souviens avoir rêvé qu'un petit chat errant avant élu domicile sous ma couette !, lança-t-il avec sur un ton amusé.

Ichigo rougit bien évidemment jusqu'aux oreilles et faillit s'étouffer avec les chocapics qu'elle venait de prendre en bouche, ce qui fit s'élargir le sourire de Kisshu.

- Je te ferai du bouche-à-bouche si tu t'étouffes, ne t'en fais pas~
- C'est pas drôle !, ronchonna Ichigo, qui sembla rougir encore plus.

Le jeune homme éclata bien évidemment de rire, ce qui fit faire la moue à Ichigo, même si au fond elle était heureuse de le voir un peu plus heureux. Ils finirent de manger en discutant de choses et d'autres comme la veille dans le parc, l'ambiance triste et pesante s'étant volatilisée - au moins pour l'instant. Lorsqu'ils eurent fini, Kisshu partit chez Shirogane afin de s'expliquer avec lui.

- Si tu ne connais pas le quartier, évite de sortir, je serais bien ennuyé si le chat errant que je viens à peine de recueillir se perdait, lança-t-il en exagérant volontairement l'aspect dramatique de la chose.
- Haha... D'accord, je t'attends ici alors...
- Tu devrais pouvoir trouver quelques trucs à regarder à la télé, normalement l'abonnement est toujours en cours... Je sais que je vais terriblement te manquer, mais ne pleure pas trop, d'accord ?, ajouta-t-il avec un large sourire.

Elle hocha la tête en signe d'approbation, mais à peine eut-il fermé la porte derrière lui que les larmes se mirent à couler toutes seules le long de ses joues.

Voilà enfin le chapitre 11, après 2 ans d'attente ! Comme quoi, les miracles (de Noël ?), ça existe :D

Désolée, il ne s'y passe pas grand-chose d'intéressant, si ce n'est un assez chouette rapprochement entre nos deux personnages préférés ♥ Je reprends en douceur, critiquez pas, ok ?! x_x

En vérité, si, critiquez si vous trouvez que mon écriture est devenue trop brouillonne ou autre. Le début du chapitre a été écrit il y a deux ans, la suite aujourd'hui, dites-moi si vous voyez une différence notable (que ce soit une amélioration, ce qui m'étonnerait un peu, ou une détérioration, ce qui est plus plausible) ! C'est vraiment important ! >.<"

Il devrait s'en passer un peu plus dans le prochain chapitre, je pense.
En fait je dis ça mais j'ignore ce que je vais y écrire xD Bref
N'hésitez pas à me donner votre avis ♪